Plongée en eau trouble
Lundi 19 mars 2012Sourcil froncé par l’inquiétude, le commandant du « Friendship », bateau de 25 mètres avec 60 personnes à bord, scrute la surface de l’eau. Il lui manque deux passagers. Le bateau est au mouillage à l’entrée de Maya Bay, sur l’île de Kho Phi Phi. Il a vu les deux manquant plonger pour aller explorer les fonds sous-marins. Ils devaient remonter à bord au bout d’une heure. Personne. La sirène retentit pour les appeler. Rien. Rose et Raoul Piche ont disparu.
Ce sont leurs amis, Chantal et Patrice qui ont prévenu le capitaine de leur absence alors qu’il allait lever l’ancre sans eux. Face au chef de bord inquiet, ils se veulent rassurant, « ne vous en faites pas ils sont très expérimentés ».
Une heure auparavant, les Piche avaient effectivement quitté le bord avec masque et tuba pour admirer la faune et la flore des eaux tropicales. Sous le bateau le spectacle était intéressant sans être très riche. En nageant vers la plage éloignée, Rose et Raoul pensaient en voir plus. Ce fut le contraire. Sur les trois-quart du trajet un spectacle de désolation : des coraux morts et plus aucun poisson. Parvenus à la plage ils pensaient trouver la barque censée ramener les passagers à bord. Mais tout le monde était déjà retourné au bateau.
Ils entendaient la sirène du « Friendship » les appeler désespérément mais aucune barque pour revenir. Finalement en graissant la patte à un marinier ils sont rapatriés sur leur navire… et grondés par le commandant : « ne refaites plus jamais ça ! ». Il s’en est fallu de peu que les Piche jouent les Robinson sur cette île déserte. Ils regrettent presque d’avoir été récupérés.
Le lendemain les Piche se retrouvent sur une petite plage idyllique où ils sont logés dans des bungalows spartiates mais à la vue superbe. Un minuscule centre de plongée est là. Raoul ne veut pas rester sur une mauvaise impression. Il décide d’effectuer deux plongées bouteille. « Avec leur bateau rapide on va pouvoir aller sur de bons coins », pense-t-il.
Une demi-heure de mer et première plongée à proximité d’un îlot. Après 40 minutes dans une eau trouble, Raoul se demande si le but de cette plongée est de démontrer qu’il n’y a rien à voir autour de Phuket ! Devinant ses pensées le chef de palanquée lui annonce que la seconde plongée va être bien plus belle, avec coraux mous et poissons « mais avec pas mal de courant ».
2ème plongée, sur un second îlot. Immersion, eau de plus en plus trouble en descendant et encore moins de poissons. Tout à coup, au détour d’un rocher, Raoul voit le chef de palanquée emporté à toute allure sur sa gauche par un très fort courant. Pour ne pas le perdre il suit, comme les trois autres plongeurs qui sont avec lui. La silhouette du leader est à peine perceptible dans la brume du fond. Les coraux mous sont là survolés à toute vitesse sans possibilité de les contempler. L’attention des plongeurs est totalement concentrée sur le fait de ne pas se perdre de vue les uns les autres ! Profondeur -30m. Début d’une lente remontée. Plus rien à voir ni dessous, ni dessus. Après des paliers, surface. « Tiens, on est au large ! » remarque Raoul. Pas de bateau pour récupérer les plongeurs. Ils barbotent 20 minutes avant d’être aperçus et récupérés.
De retour au bungalow Raoul est accueilli par une Rose enthousiaste « là, devant la plage, il y a plein de poissons, des coraux, c’est super ».
Raoul s’y rend et reconnaît que, sans être les Philippines, l’endroit est de loin le plus riche qu’il ait vu autour de Phuket.
A pied, depuis la plage, avec un simple masque, un tuba et des palmes.
Grrrrrr…!!!