Instantanés de voyage

Après six semaines de voyage, le périple de Piche se termine. Ils ont traversé la Suisse, l’Allemagne, la Tchéquie, le Danemark, un petit bout de Suède, une partie de la Norvège sans bien sûr voir toutes les richesses que ces pays recèlent. Ils ont effectué des choix. En voici une courte énumération.

Il y a les villes aux maisons blanches, en bois, toutes proprettes des pays du nord, parfois au toit engazonné totalement végétal ; à colombage aux couleurs aussi variées qu’audacieuses des bourgs allemands épargnés par la guerre qui offrent des possibilités de déambulation sans cesse renouvelées ; les grandes villes historiques (Prague, Copenhague, Lübeck, Strasbourg…) ; il y a les dédales de canaux qui magnifient certaines cités et leur procurent toute leur beauté ; il y a les châteaux, celui de la belle au bois dormant (Neuschwanstein), de Kronborg (plus connu sous le nom d’Elseneur grâce à Shakespeare), de Fredericksburg… ; les musées, souvent d’art contemporain (l’étonnant Louisiana de Copenhague) mais aussi d’art appliqué tel la Résidence de Dresde qui renferme une des plus importante collection de trésors d’Europe et a été l’objet d’un incroyable casse en 2019, sans oublier deux musées automobiles, l’un chez Volkswagen à Wolfsburg, l’autre, le musée national automobile, à Mulhouse (exceptionnel) ; des paysages hors du commun (fjords, routes du nord…). Il y a eu également la visite de sites mémoriels profondément émouvants (Dachau, Nuremberg, Berlin, Bergen Belsen).

Après 7000 km de routes, des dizaines d’heures de marche, les Piche en ont tant vu qu’ils reviennent sur les rotules et se promettent donc de prendre enfin… quelques vacances !

A très bientôt,

Bises à toustes !

PS Quelques images pourraient venir illustrer le périple dans un futur proche…

Plus on monte vers le nord plus les pays sont riches et chers. Le pompon revient donc à la Norvège. Dans un café sur le port de Bergen les Piche ont déboursé 20 € pour deux bières. Record battu. Et lorsque Rose a voulu déguster la célèbre fiskesuppe dans le meilleur restaurant de poisson d’Oslo, il lui a fallu garer la voiture pour 8 € de l’heure (on taira le prix de revient final de l’assiette de soupe…)

Encore n’est-ce là que menues dépenses. Les Norvégiens, eux, y vont de bon cœur, notamment avec les voitures : Tesla doit avoir une usine sur place si l’on en juge par le nombre invraisemblable de modèles de la marque qui circulent dans le pays. Il est vrai que la Norvège a prévu le 100% électrique en 2025. Leur richesse leur permettra sans doute de réaliser cette ambition écologique, une richesse tirée du pétrole qu’elle vend à la terre entière en toute pureté carbonée…

A propos de voiture électrique, Raoul a remarqué, sur une aire d’autoroute, une superbe et non moins massive Porsche électrique dont le propriétaire effectuait le chargement des batteries sur une des nombreuses bornes prévues à cet effet. Une voiture capable de rouler à plus de 200 km/h dans un pays où les autoroutes sont limitées à 110 km/h… La voiture était en charge lorsque les Piche sont entrés au restaurant du lieu. Elle l’était encore lorsqu’ils en sont sortis, laissant à penser que sa vitesse moyenne sur un long trajet devait être plus proche de celle d’une 2CV que celle du bolide de sport qu’elle prétend être.

Voiture encore : non, en Allemagne les autoroutes ne sont pas sans limitation de vitesse. Seuls des tronçons le sont. Et les autres comportent tellement de travaux et de ralentissements associés que les autoroutes ne sont guère plus roulantes que de vulgaires routes nationales.

Route encore. Plus légère. Au nord de l’Allemagne les Piche ont aperçu sur une aire de repos (le terme n’a jamais été aussi approprié) une caravane dont l’avant était peint en rose, lui conférant une allure assez inhabituelle. Puis, quelques kilomètres plus loin, une autre. Cette fois-ci avec une guirlande lumineuse autour de la vitre latérale. Puis, une autre et une autre encore. Rose et Raoul ont dû se rendre à l’évidence, ce camping dispersé était galamment professionnel…

Petits ou grands, bons ou mauvais, les imprévus sont l’essence du voyage. En peu de temps, les Piche l’ont vérifié concrètement.

C’est dimanche, une pluie fine tombant sur la ville, ils décident de visiter deux musées remarquables de Munich donnés pour ouverts ce jour de la semaine et fermés le lundi. Ils se dirigent donc vers l’entrée de la « Pinakotheke der Moderne ». Ils ne sont pas les seuls à avoir fait ce choix. Un petit groupe s’est formé devant la porte mais personne ne semble capable de l’ouvrir. Aïe, fermée pour cause de 1^er mai, journée des travailleurs ! Rose et Raoul ont beau soutenir les travailleurs dans leurs luttes (par la pensée), ce jour-là, ils l’ont amère. Etant dans le quartier des musées, ils vérifient que TOUS sont fermés. 1^er imprévu.

Pour se mettre à l’abri, ils se rabattent sur une taverne bavaroise typique de la ville. A la Hofbräuhaus, ils sont au sec et en bonne compagnie. Autour des tables collectives en bois massif, couvertes de noms gravés par ceux qui les ont précédés, des centaines de buveurs.euses (oui, oui elles aussi) portent à leurs lèvres des chopes d’un litre, parfois d’un demi-litre (jamais moins), au son d’une musique pas trop légère jouée par un orchestre de cuivre, en l’accompagnant du balancement de leur corps de droite et de gauche (« surtout de droite »), tient à souligner Rose.

Dans ce temple de la bière capable de recevoir 3500 personnes (!), un seul nom figure nulle part alors que sa présence dans ce lieu est mentionné dans tous les livres d’histoire.

En fin de journée, Rose et Raoul vont garer leur voiture-lit dans le jardin du château de Nymphenburg qui accepte les vagabonds comme eux. Là, ils découvrent qu’une annexe de château abrite le musée des « hommes et de la nature » : le seul, qui, à Munich, est ouvert le dimanche ET le 1^er mai ! 2^ème imprévu.

Une époustouflante exposition temporaire de photos sur le thème du vivant sauvage occupe une grande salle. 3^ème imprévu. Parmi ces photos, résultat d’un concours mondial, celles d’un photographe, plongeur et scientifique (Laurent Ballesta) qui habite à quelques rues du domicile des Piche ! 4^ème imprévu d’une journée finalement pas si mauvaise.