Archive pour la catégorie ‘Mexique’

Pour franchir 5m les Piche mettent 24h et empruntent deux « jets »

Vendredi 9 avril 2004

Mexico, 9 avril 2004

- Nous serons à Mexico durant la semaine sainte, il vaudrait mieux réserver une chambre, avait suggéré Rose au vue des préparatifs intensifs de cette fête religieuse dans les villes mexicaines traversées depuis un certain temps.

Réservation effectuée deux semaines à l’avance donc, du jamais vu chez les Piche.

Arrivé à Mexico à la date prévue, Rose et Raoul découvrent une capitale paisible. La célèbre pollution a cédé la place à un ciel clair, les embouteillages à des avenues vides et la bousculade du métro à une fréquentation modérée.

Les Piche découvrent qu’à l’occasion de la semaine sainte les habitants de la capitale, en vacances, fuient leur ville.

Mexico en cette période, c’est Paris au mois d’août !

Un vrai bonheur pour les touristes. Toutes les chambres d’hôtel sont libres…

A Mexico les Piche font leur travail de touristes, visite du remarquable musée d’Anthropologie, du palais des beaux arts, des fresques de Diego Rivera, du musée d’art moderne, une petite visite au vieux Léon (Trotski) dans sa maison-musée, à Teotihuacan etc.

Une semaine ne suffit pas à épuiser les charmes de cette capitale et de ses marchés avec leurs “bouibouis” qui sont les meilleurs restaurants de la ville. Mais quand c’est fini, c’est fini. Direction l’aéroport.

Transit par les Etats Unis.

- Il doit y avoir une sélection sévère pour embaucher les agents de l’immigration américaine et des douanes, suppose Raoul qui précise sa pensée. En général, les Américains sont des gens plutôt souriants et policés, alors pour en trouver d’aussi grincheux et désagréables que ceux que l’on poste à l’entrée de ce pays… le casting doit être impitoyable.

Merveille de l’informatique : le vol de retour Mexico-Paris des Piche les a conduits, à 24h d’intervalle, de la porte D6 à la porte D7 de l’aéroport international de Washington (distantes de 5 mètres en ligne directe).

Vendredi à 17h les Piche embarquaient pour un vol Washington-Miami porte D6. Ils étaient de retour le samedi, après une nuit en Floride (100$ d’hôte)l et un vol Miami-Washington pour se présenter à 17 h porte D7 pour Paris.

- Cinq mètres! Nous avons mis 24h pour parcourir 5m! Un record. Et en plus pour établir ce record nous avons emprunté deux jets qui ont volé durant quatre heures et demie et effectué 2500 km.

Arrivés à Paris sous un climat aussi fortement climatisé que les cinémas du Costa Rica, les Piche se retrouvent dans un TGV à destination du midi.

N’ayant pas dormi dans l’avion, ils comptent sur le confort légendaire des trains français, surtout en première, pour rattraper leur retard.

Un premier bébé entre dans leur compartiment, un second, un troisième puis plusieurs très jeunes enfants et finalement le wagon se transforme en pouponnière. Avec le niveau sonore qui va avec.

Rose et Raoul envisagent la fuite vers un autre compartiment mais “ils” sont partout.

“Ce doit être les vacances de la zone A” , conclue Rose en professionnelle.

“Ne nous plaignons pas, même si les bébés sont des êtres révolutionnaires au moins ils se contentent de détoner avec la voix et laissent la voie tranquille », tente de positiver Raoul”.

Les sites Maya attirent la foule… et les Piche

Vendredi 2 avril 2004

Puebla, le 2 avril 2004

Chichen Itza

On les avait prévenus “à Chichen Itza, il y a foule”. Mais à ce point !

Les Piche n’en croient pas leurs yeux, des autobus par dizaines et des touristes par centaines sont là lorsque Rose et Raoul se présentent à l’entrée du site Maya.

La plupart des visiteurs sont groupés derrière un guide brandissant une pancarte portant le numéro du troupeau, ici le 14, là le 24, “groupier !”.

Electrons libres, les Piche se faufilent rapidement pour franchir le tourniquet d’entrée. Une courte marche et les voilà face à l’illustre pyramide Kukulcan à la géométrie aussi parfaite que son état.

Sur ses quatre faces des escaliers permettent d’accéder au sommet, ce que s’empressent de faire Rose et Raoul.

Le spectacle commence lorsque quelques veaux échappés d’un troupeau numéroté entreprennent de descendre les marches qu’ils ont monté en soufflant comme des boeufs. Certes, la pente est un peu raide mais de là à lui tourner le dos comme s’il s’agissait d’une échelle ou à poser ses fesses sur chaque marche pour descendre assis ! Surtout lorsque le bétail n’a visiblement pas quarante ans. Cela choque les Piche qui effectuent la descente normalement, face à la pente, et, pour le coup, à une allure plutôt preste.

Après la visite de Tikal, les Piche craignaient d’être déçus par les autres sites Mayas qu’ils allaient découvrir. Eh bien! Non. Tous sont très différents les uns des autres et tous surprennent et séduisent.

Copan (Honduras) avec ses sculptures que l’on retrouve rarement ailleurs.

Tikal (Guatemala) si vaste, si sauvage avec ses demi pyramides presque verticales.

Palenque (Chiapas) avec son temple des inscriptions, son palais et son temple de la croix, du haut duquel on jouit d’une vue éblouissante.

Chitchen Itza (Yucatan) avec sa grande pyramide et son jeu de balle prêt à servir.

Uxmal (Yucatan) avec son extraordinaire “maison du devin”, une pyramide à base ovale qui ne ressemble à aucune autre et l’immense “quadrilatère des nonnes” avec ses 74 pièces parfaitement conservées.

Sur la route Puuc (Yucatan), Labna avec son palais et son arche dans un site tellement désert que les Piche s’imaginent être les premiers à en fouler le sol depuis des siècles, Xlapak avec son observatoire, Sayil avec son palais à trois étages de 85 mètres de long qui ressemble à un édifice grec, Kabah avec une façade  couverte de 300 masques de Chaac, le dieu de la pluie au nez crochu tourné vers le haut.

Monte Alban (Oaxaca) un site tout en alignements et en géométrie au sommet d’une montagne arasée qui domine les plaines alentour.

Cholula (Puebla) avec son incroyable pyramide Tepanapa, plus grande que celle de Chéops qui disparaît sous la terre et la végétation et dont on découvre la structure en parcourant une partie des 8 km de tunnels creusés par les archéologues.

Demain, les Piche seront à Mexico d’où ils iront voir Téotihuacan, certains que sa singularité n’effacera pas dans leur mémoire celles de tous ces sites qu’ils ont admirés auparavant.

A Puebla, Rose et Raoul ont visité un superbe musée de conception moderne. Ils y ont découvert un “codigo del tiempo” qui présente une chronologie comparée des architectures sur les cinq continents au fil des siècles.

Palenque

Les Piche réalisent que le Parthénon a été bâti 300 ans avant Teotihuacan, que le Colisée existait avant Tikal, que les Zapotèques terminaient à peine Monte Alban V quand les Turcs édifiaient Sainte Sophie, enfin que Chitchen Itza quasi contemporaine de notre Dame de Paris est plus jeune de 200 ans que les temples d’Angkor avec lesquels elle partage la technique élémentaire des fausses arches.

PS. Aujourd’hui, les Piche passent l’après midi à admirer le Popocatépetl (5452 m) volcan actif et enneigé. Pour le voir aussi bien qu’eux, presqu’en temps réel : www.cenapred.unam.mx

Dernières étapes et lieux visités : Oaxaca, Monte Alban, Puebla, Cholula, Tonantzintla, Mexico

Photos des pyramides Maya du Chiapas et du Yacatan

Pour chasser les mauvais esprits : le Coca Cola

Vendredi 19 mars 2004

San Juan de Chamula, 19 mars 2004

Le monde est un cube soutenu par quatre piliers, entouré d’eau.

Pour les Piche, c’est une révélation.

Pour les indiens Tzotzils du Chiapas, c’est une certitude.

Convertis au catholicisme, les Tzotzils n’en ont pas pour autant abandonné leurs croyances antérieures. Ils ont effectué la synthèse. Le résultat, visible en l’église de San Juan de Chamula, est propre à captiver les visiteurs aussi peu religieux soient-ils, tels les Piche.

Dès la porte franchie, Rose et Raoul sont suffoqués.

Au propre, comme au figuré.

L’intérieur, très sombre, est éclairé par des centaines de bougies, placées dans des verres décorés, dont la lumière perce difficilement les nuages d’encens. L’odeur saisit les narines. Le sol carrelé disparaît sous un tapis d’aiguilles de pins vertes. Les murs blancs ne portent aucun ornement.

En revanche, sur tout le périmètre, des petites armoires vitrées hébergent chacune la statue d’un saint. Devant elles, des indiennes aux habits colorés et des hommes en manteau noir à poils longs comme couverts de goudron et de plumes, sont assis et prient en silence.

Un groupe devant San Sebastian Mortil, un devant San Sebastian Pastor, un devant San Pedro dueño de la llava, un devant Virgen de Guadalupe, etc. A chaque Saint ses supporters. Le plus apprécié est San Sebastian, avant Jesus Christus soi-même (dont les Saints sont les frères et les soeurs).

Afin de s’attirer les bonnes grâces d’un Saint il convient de le nourrir, le premier choix étant les cierges et l’encens. Ceci expliquant cela.

Pour ce qui est de la chasse aux mauvais esprits, une seule recette, roter.

D’où la place éminente du Coca-Cola dans le rituel.

Les fidèles boivent force Coca sur le parvis comme à l’intérieur de l’église et expulsent bruyamment les mauvais esprits. La plus belle demeure de San Juan de Chamula appartient au distributeur local de Coca-Cola.

Le jour de la visite des Piche est jour de cérémonie. Ignorant tout de son ordonnancement, Rose et Raoul observent sans trop comprendre ce qui se passe devant l’église.

Des fusées sont tirées vers le ciel et explosent bruyamment. Devant le porche, des hommes noir-goudron, portant chapeau texan, se placent face à d’autres hommes en costumes de satin rouge, brodés d’or, puis, sans raison apparente, ce groupe quitte soudain sa position et s’éloigne au son d’un tambour frappé avec la régularité d’un métronome, accompagné par des porteurs de vasques d’encens fumant comme des locomotives.

Sur le parvis presque vide, Raoul regarde, intrigué, quatre femmes qui prient non pas face à l’église, mais tournées sur la droite face à la gare des autobus. ” Par San Sebastian, se dit Raoul, pourquoi regardent-elles vers là?” quand tout à coup, il réalise qu’elles prient en direction du soleil. Elles sont en pleine synthèse.

Allez savoir pourquoi, ce spectacle a remémoré aux Piche les temples bouddhistes aux divinités en self service, à l’atmosphère d’encens et aux offrandes variées.

Mais pour ce qui est d’effectuer une étude comparative des religions on doit aisément trouver plus compétents que Rose et Raoul.

D’autant que Rose, faisant fi de la moindre rigueur scientifique, déclare sans ambages : “les religions sont toutes aussi nuisibles les unes que les autres !”.

Demain, les Piche visiteront les temples Maya du Yucatan. Il est à craindre que quelque grand prêtre ne se retourne dans sa pyramide.

Dernièrs lieux visités par les Piche : Palenque, Agua Clara, Misol Ha, Agua Azul, Merida, Chitchen Itza, Uxmal. Etapes à venir : Oaxaca, Puebla