Archive pour la catégorie ‘Mexique 2017’

Que la montagne est belle

Jeudi 16 mars 2017

Il existe dans le monde quelques trains aux trajets spectaculaires. “El Chepe”, de son vrai nom “Chihuahua Pacifico” en fait partie. Il part du niveau de la mer sur la côte pacifique du Mexique pour rejoindre la ville de Chihuahua, 650 km plus loin, en franchissant un massif montagneux (la Sierra Madre Occidental) qui l’oblige à grimper à plus de 2400 mètres d’altitude. Pour se faire, il suit des fonds de vallées, franchit d’innombrables ponts et tunnels qui le conduisent en bordure d’un gigantesque canyon (Barrancas del Cobre) profond de 1800 m.

Autant dire qu’une fois passées les plaines culitivées, les zones des cactus géants et parvenu dans la montagne couverte de conifères, le spectacle devient grandiose et permanent. Comme les passagers peuvent s’installer à l’extérieur sur les plateformes entre les wagons, ils en profitent totalement.

Bref, El Chepe, le top ! Cela se paye tout de même d’un réveil très matinal, 4h30 du matin (!) un exploit difficile pour les Piche qui, la veille avaient effectué une traversée en ferry et s’étaient couchés à 23h. Il n’empêche, ils ont gardé les yeux écarquillés durant tout le trajet.

Pour jouir pleinement de cet étonnant massif montagneux, Rose et Raoul se sont installés pendant 3 jours dans un petit village aux allures alpines et aux nuits froides (13°C dans leur chambre, mais de grosses couvertures…). Ils sont descendus dans certains canyons par des routes tortueuses et ont cheminé à pied en bordure de leur fracture au sommet d’autres.

Dans cette région vit une population indigène, les Tarahumara, bien entendu de loin la plus pauvre, utilisée comme faire valoir culturel dans tout l’Etat du Chihuahua à travers ses savoirs-faire artisanaux, artistiques et ses coutumes. Autrefois, les Tarahumara étaient contraints au travail forcé dans les mines. Aujourd’hui, ils sont démunis mais libres !

Pour donner une idée de leur niveau de vie, beaucoup habitent dans des grottes, nombreuses dans cette montagne. Par relation, oui, oui, les Piche ont pu entrer dans l’une d’elles. Il y faisait bien plus chaud que dans leur chambre d’hôtel, sans doute grâce au feu de bois allumé en permanence. La grotte était grande, il y avait trois matelas doubles, un espace pour cuisiner et la vieille dame qui accueillait Rose et Raoul tressait un panier en se tenant face à l’entrée, seule partie éclairée par la lumière du jour. Le plafond noirci par des siècles de fumée donnait l’impression d’être… dans une grotte !

Des enfants jouaient à l’extérieur, une femme faisait la lessive, le ciel était bleu…

- Le bonheur, peut-être murmure Rose

- “J’ai cinq doigts moi aussi on peut se croire égaux”, ironise Raoul, appelant Nougaro à la rescousse.

Narcotrafiquants certainement, violeurs (?), mais voleurs certainement pas !

Samedi 11 mars 2017

Les Piche ne sont pas toujours au bon endroit au bon moment. Ainsi, ils sont parvenus à Tepic un jour trop tard. La veille de leur arrivée dans cette ville, les “Forces fédérales” s’en sont pris à des “présumés en infraction avec la loi” (comprendre des narcotrafiquants) avec quelques moyens. Notamment un hélicoptère lourd  russe MI17 qui a mitraillé à tout va. Score 15 “présumés en infraction” passés de vie à trépas. Le chroniqueur du journal “La Jordana”, pas vraiment convaincu de la légalité de l’opération estime que les Forces armées ont surtout voulu montrer à Donald Trump, ayant déclaré “il faut abattre les narcotrafiquants”, que les Mexicains n’ont pas besoin de lui pour ça !

Deux jours plus tard, les Piche ont pu tester le penchant “voleur” dénoncé par le même Trump. Arrivé à la gare routière en taxi, Raoul troublé, on ne sait par quoi, oublie son sac à dos journalier sur le trottoir. Une broutille. Ce dernier contient appareil photo, téléphone, tablette, guides, cartes et une foultitude d’objets de peu de valeur mais fort utiles en voyage. Qu’arrive-t-il dans un pays de voleurs dans une telle situation ? Le sac disparaît immédiatement. Pas au Mexique ! 10 minutes après son oubli, alors qu’il ne l’a toujours  pas réalisé, Raoul s’entend interpeler, “Senor !”, et  voit le chauffeur de taxi lui tendre son sac ! Ému, Raoul ouvre son portefeuille pour une bonne “propina” et pense “décidément Trump se Trumpe sur toute la ligne”. L’extrême rigueur oblige à avouer que le même jour un couple de septuagénaires s’est fait trucider dans sa villa pour quelques milliers de pesos (quelques centaines d’euros au cours du jour de leur exécution). Plus assassins que voleurs ceux-là.

Au titre des convergences Etats-Unis Mexique, les Piche en relèvent trois.

La première est l’excellence de l’agencement des musées, de leurs contenus, de l’ergonomie et de la pédagogie des présentations. Même des villes qui ne sont pas majeures proposent des expositions remarquables, le plus souvent dans des lieux qui le sont tout autant.

La seconde tient à un trait de comportement que les Piche ont érigé en marqueur du degré de civilisation d’un pays : l’attitude des automobilistes vis à vis des piétons. En ville, au Mexique, les piétons bénéficient d’une attention et d’une priorité absolue de la part des conducteurs. À l’égal de ce qui se pratique en Californie.

Troisième point de convergence, la mal bouffe généralisée avec les problèmes de santé publique qui en résultent. Les Mexicains, lorsqu’ils ne sont pas chez eux, mangent n’importe quand, n’importe où, n’importe quoi pourvu qu’il y ait peu de légumes et pas de fruit. En bord de mer, par chance, on trouve de bons poissons, d’excellentes crevettes et même des langoustes acceptables. Cela ne constituant pas le quotidien des indigènes.

Enfin, les Piche ont noté une très étrange convergence migratoire entre les baleines et les Canadiens. En Basse Californie du sud, Rose et Raoul ont croisé de nombreux camping cars et aperçu au mouillage nombre voiliers, les uns et les autres originaires du Canada. Ceux avec lesquels les Piche ont parlé, expliquent qu’ils migrent pour échapper à la rigueur de l’hiver canadien. Ils retournent au pays le printemps venu comme de vulgaires baleines grises…

Toucher les baleines !

Dimanche 5 mars 2017

- Là !

Le souffle du cétacé se fait entendre avant que l’oeil de Raoul n’en cerne l’origine. Mais Rose a la vue aiguisée et désigne la longue forme grise qui dépasse à peine de la surface en soufflant à nouveau.

Bingo !

Les Piche tiennent leur première baleine. Elle évolue dans le chenal Puerto Lopez Mateo large de quelques centaines de mètres seulement et long de plusieurs dizaines de kilomètres.

Pas une once de hasard dans cette rencontre. Puerto Lopez Mateo, sur la côte Pacifique, en plein désert de la péninsule de basse Californie est l’un des endroits au monde où les baleines grises viennent se reproduire et mettre bas leurs “petits” baleineaux de près d’une tonne qu’elles nourrissent et accompagnent pendant plusiers mois. L’étroitesse du chenal fait qu’il est facile de les approcher sans avoir à parcourir des miles en mer.

Après cette première rencontre, suit une seconde, puis une troisième puis, puis, puis les baleines sont de plus en plus proches jusqu’à souffler devant l’étrave des Piche, en montrant leur dos gris, impressionnant de largeur.

Le plus souvent, ce ne sont pas une queue qui émerge mais deux, étroitement liées, celle de la mère et de son “bébé”.

Apercevant une barque immobile avec un baleineau collé tout contre, le capitaine de l’embarcation des Piche s’approche lentement. Complaisant, pas effrayé du tout, le baleineau se laisse caresser puis d’un mouvement ample et lent, il décide de s’éloigner en passant sous la barque des Piche à se frotter contre ! Dans sa manoeuvre, il nage à quelques centimètres de Rose qui n’ose pas le toucher.

Quelques minutes plus tard, la scène se répète avec un baleineau qui prolonge le contact avec les visiteurs, semblant y prendre du plaisir.

Il a raison d’en profiter car dans un mois fini de batifoler dans les eaux tièdes, calmes et sûres de basse Californie. Ce sera le retour vers les eaux froides au nord du Canada. Une “balade” de plus de 6000 km avant de revenir ici, l’an prochain, entre janvier et mars.

Si le spectacle l’enchante, Raoul n’en demeure pas moins d’une extrême perplexité : “comment, diable, ces baleines font-elles pour trouver sur des milliers de côte du Pacifique, l’entrée si étroite de ce chenal  Puerto Lopez Mateo ?”.

Non seulement, il n’a aucun début d’explication mais en plus cela lui rappelle un souvenir lointain, tout aussi extraordinaire : celui des énormes tortues luth (450 kg pièce) qu’avec Rose et leurs petits (les petits de Rose et de Raoul…) ils ont vu sortir de l’océan, ramper en soufflant avec peine jusqu’en haut de la plage des Hattes en Guyanne française, y creuser un trou profond, y pondre leurs oeufs dans une souffrance manifeste puis reboucher le trou et regagner l’océan ! Un océan qu’elles traversent depuis l’Afrique pour venir précisément pondre sur cette plage et pas sur une autre. Exploit qu’elles renouvellent tous les ans… comme les baleines plus au nord.

Le soir venu, les Piche reprennent leur voiture et se dirigent avec une précision diabolique vers leur hôtel à 300 km de Puerto Lopez Mateo en appuyant sur la touche “GO” de leur GPS. Non mais des fois…

Les Piche étrangers parmi les étrangers

Vendredi 24 février 2017

Parvenus à Mazatlan sur la côte pacifque du Mexique, les Piche réalisent qu’ils ont franchi une frontière invisible.

Sur la belle place du centre historique, ils ne croisent que des têtes chenues qui déambulent ou sont attablées aux terrasses des restaurants. Leur accoutrement, grande visière protège soleil pour les femmes , short aux genoux, nus pieds avec chaussettes blanches, chemisette et démarche texane, tout juste descendu de cheval pour les hommes font prendre conscience aux Piche qu’ils sont devenus encore plus étrangers parce qu’étrangers parmi des étrangers.

Mazatlan, port d’escale des bateaux de croisières venus des Etats-Unis reçoit des milliers de passagers chaque jour, exclusivement Etats-Uniens. Ils envahissent la ville.

Tout un groupe, sagement aligné devant l’arrrêt du bus touristique “hop on ! hop off !”, offre aux Piche un bel échantillon, ce qui permet à Rose et Raoul de se livrer avec délices au délit de faciès.

- Tu te rends compte ! Ce sont ces gens là qui dominent le monde ! Lance Rose, atterrée, dans une première salve, en détaillant ces petits blancs bizarres venus du nord.

Les Piche savent bien que ces moutons, alignés là, ne représentent pas tout les USA. Il n’empêche : lire chaque jour les exploits intellectuels de Donald Trump et retrouver ses groupies sur la côte pacifique du Mexique est un choc.

Seconde salve, lancée par Raoul qui ne veut pas être en reste :

- Et encore, eux, on les voit. Mais il y a ceux que l’on ne voit pas et qui influencent lourdement la vie dans ce pays. Regarde les chaînes câblées, uniquement des TV nord américaines, ou, si elles sont mexicaines que des niaiseries de même origine. Plus fort, en important leur mal bouffe, ils réussissent à sculpter les corps des Mexicains…

- Sculpter, sculpter comme tu y vas. La sculpture se fait par enlèvement de matière. Là, il s’agit plutôt d’ajout massif ! Rétorque Rose, toujours très réactive face à l’obésité généralisée.

- Le “soft power”, c’est ça précise doctement Raoul. En imposant un modèle culturel, on impose, en douceur, un mode de vie, un type de socièté et le système économique qui va avec. Redoutable.

- Aïe, aïe s’exclame soudain Rose lorsqu’un sino-américain soutenu par deux personnes s’écroule sur le banc à côté d’elle. “Tu marches trop vite, lui dit sa femme”. Les Piche nouent conversation. L’essoufflé a 86 ans et elle un peu moins. Ils sont de Los Angeles. Elle explique aux Piche qu’elle a travaillé jusqu’à 80 ans et qu’elle effectue là son premier voyage au Mexique. Une croisière d’une semaine. “Quelle est votre prochaine escale ?” “Je ne sais pas, je suis…”

A la vérité, à Mazatlan, il y a aussi des Mexicains : les mendiants le sont tous et même ce sont les plus Mexicains des Mexicains puisqu’ils sont en majorité Indiens. Du point de vue du marketing, ils s’adaptent et interpellent les “clients” en anglais. Pour eux, peut être un premier pas vers le rêve américain promu par Hollywood.

- En attendant, sentence Rose, au Mexique, pour certains, le “soft power” est plutôt “hard”.

Quatre vieilles, belles et riches….

Jeudi 16 février 2017

Elles sont quatre vieilles, belles, riches : Querétaro, San Miguel de Allende, Guanajuato et Zacatecas, quatre villes coloniales au nord de Mexico dans le pays des mines d’argent.

Après la tumultueuse Mexico, Querétaro paraît bien paisible avec ses nombreuses rues piétonnes, ses places ombragées, “emmusiquées” le soir venu, ses superbes maisons bourgeoises transformées en musées, ses églises et son rôle majeur dans l’histoire de l’indépendance du Mexique.

Un peu plus au nord, San Miguel de Allende est très différente. Toute la palette des ocres s’affiche sur les façades des maisons qui jalonnent les rues entièremment pavées. Très, presque trop, restaurée, San Miguel de Allende est devenue la ville de résidence d’immigrés d’un genre spécial qui constitue 20% de la population. Ils n’ont eu aucun problème pour franchir la frontière qui sépare leur pays, les Etats-Unis, du Mexique. Ce sont des retraités aisés, heureux de trouver là, beauté, climat (25° en février) et art de vivre. Conséquence, les superbes maisons avec patios entourés d’arcades sont transformées en établissements de luxe : hôtels, restaurants, galeries d’art, magasins… Des théâtres, des musées, des églises complètent le tableau. Sur les bancs des places ombragées des visages pâles aux allures d’anciens prof de fac lisent des ouvrages en anglais tandis que des peaux basanées, plus jeunes, discutent entre elles.

Encore un peu plus au nord, Guanajuato ne ressemble guère aux précédentes bien qu’on y retrouve le jaillissement des ocres, les maisons avec patio, les rues pavées, les églises, les théâtres, les musées. Sise au fond d’une étroite vallée entourée de collines abruptes, Guanajuato présente un urbanisme kafkaien. Les rues sinueuses ont des trajectoires imprévisibles ! Elles sont reliées par d’innombrables venelles tortueuses montantes et descendantes dans lesquelles seuls des piétons peuvent s’engager. La circulation automobile, quasi impossible, a été renvoyée… au sous-sol vers un réseau de tunnels dense qui évoque une sorte de métro pour voitures ! Les noms des rues s’affichent aux croisements comme dans les égoûts de Paris.

Essoufflés en montant les rues escarpées, les Piche s’inquiètent sur leur santé lorsque Rose note qu’à plus de 2000 m d’altitude cela n’est peut-être pas si anormal. Raoul achète l’explication et décide que pour le souffle rien de mieux que de descendre dans une ancienne mine d’argent.

Sans grande surprise, les Piche découvrent là que la richesse et la beauté de ces villes, patrimoine de l’humanité, reposent, certes, sur l’exploitation des minerais d’argent et d’or mais aussi, de façon indissociable sur l’exploitation de générations d’hommes et d’enfants réduits à l’esclavage. D’où une forte suggestion de Rose :

- En même temps que l’attribution du label “Patrimoine mondial de l’humanité”, l’Unesco devrait descerner celui de “Pire de l’histoire de l’humanité”.

Zacatecas, enfin, beaucoup plus au nord, a fourni jusqu’à 20% de la production mondiale d’argent. Ici, l’extrême richesse s’est traduite par une architecture d’une plus grande finesse mettant à profit une magnifique pierre rose locale. Par comparaison Zacatecas ferait paraître les autres cités un peu m’as-tu-vu. Les nombreux musées, installés dans des bâtiments historiques exceptionnels, régalent les Piche et font de leur séjour un moment pas trop difficile à vivre. A 2400 m d’altitude (400 mètres plus haut que le plus haut des villages européen !), ils y soufflent un peu avant de descendre vers le Pacifique.

Biodiversité, la fin des coccinelles vertes

Jeudi 9 février 2017

Les Piche n’étaient pas revenus à Mexico depuis 13 ans. Ils observent des changements dans la biodiversité. La plus notable est la disparition complète des coccinelles vertes. Autrefois omniprésentes, elle transportaient les gens d’un endroit à un autre en créant un trafic intense. Elles ont été remplacées par des Nissan rose et blanc, une espèce aujourd’hui dominante.

Les Piche notent aussi une forte présence d’épaisses Dodge noires, assez vilaines, avec écrit en gros POLICIA qui rôdent dans tous les quartiers. La littérature locale laisse entendre que, corrélativement, les voleurs, les violeurs et les trafiquants qui forment l’essentiel de la population mexicaine comme l’a finement observé le président de la grande démocratie voisine, régressent.

Puisque nous en sommes au registre de la démocratie éclairée, Rose et Raoul doivent avouer qu’ils ne sont pas à Mexico par hasard. Ils étaient présents au Zocalo, la grande place de la capitale,  le jour du centenaire de la Constitution des Etats-Unis du Mexique. Orchestres géants de mariachis, danses folkloriques mais également manifestations citoyennes animaient le centre de la ville parfois jusqu’à une assourdissante cacophonie sonore et politique d’un peuple loin d’être à l’unisson.

Toutefois, là encore, leur grand voisin leur donne un coup de main pour les rapprocher les uns des autres dans une commune détestation des USA ressurgie du fond des temps. Les =/ AdiosMacdo, =/AdiosWalmart, =/ AdiosCocaCola fleurissent sur les réseaux sociaux.

Dans l’ambiance générale, les Piche pensent qu’ils n’auront pas trop de difficulté à trouver une échelle pour franchir la frontière qui les conduira le mois prochain au Texas.

Orthodromie, loxodromie, zigzagodromie…

Lundi 6 février 2017

Rose s’étonne :

- Depuis Paris nous avons survolé Londres, le Groenland et maintenant nous traversons les Etats-Unis depuis Chicago jusqu’à la Nouvelle Orléans pour finalement atterrir à Mexico. Curieuse trajectoire !

- Tu aurais préféré Paris-Nantes-Miami-Mexico, c’est une ligne droite sur la carte…

- Oui, bien sûr.

Raoul n’attendait que ça pour faire étalage de sa science de navigateur.

- La route directe sur la carte, c’est la loxodromie. Sur ce trajet, elle est plus longue de 1600 km que la route que nous suivons qui est l’orthodromie. Simplement parce qu’on se déplace sur une sphère. La terre n’est pas plate comme une carte.

- La terre n’est pas plate ! Ca alors, tu m’apprends quelque chose Raoul !

Atterrissage en douceur à Mexico après 11 heures de vol.

- On va prendre le métro, c’est le plus simple, annonce Raoul qui a soigneusement étudié le parcours aéroport-hôtel. On change à Océania, une station, puis c’est direct jursqu’à l’hôtel.

Chargés de leurs bagages, les Piche montent et descendent des escaliers, parcourent de longs couloirs au milieu d’une foule dense et finissent par s’engoufrer dans une rame surchargée.

Première station.

- Ce n’est pas Océania ! S’exclame Rose.

- On s’est trompé, répond Raoul.

- Oui, “on”, ironise Rose…

Demi-tour, à nouveau escaliers, couloirs, foule. Nouvelle rame. 4 stations.

- Ce n’est pas direct, regarde, il faut encore changer à Garibaldi, annonce Rose.

Encore une série d’escaliers, de couloirs, la foule…

Parvenus à destination, Rose remarque un bus de ville qui s’arrête devant leur hôtel. Curieuse, elle regarde le panneau ou s’affiche le trajet et appelle Raoul.

- Lis. Ce bus part de l’aéroport et, en six arrêts, il arrive pile devant notre hôtel ! Ca, c’est de l’orthodromie !

De honte, Raoul s’enfonce sous terre comme son métro diablement loxodromique…

PS. En ligne directe ou pas, les Piche sont donc à pied d’oeuvre pour une balade zigzagodromique de deux mois dans le nord du Mexique puis en Louisianne.

PS2. Pris par leur départ, faute de temps, les Piche n’ont pas répondu aux amis qui les interrogeaient sur leur destination. Mille excuses. Les voilà renseignés.