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Du sable, des cocotiers, la mer turquoise… un îlot de paradis

Dimanche 29 février 2004

Ile de Tobacco Caye, 29 février 2004

- Oh! Regarde, c’est notre île.

- Où ça ?

- Là, en pleine page, sur la brochure de Mooring’s, le loueur de voiliers.

« Sur les 160 miles de barrière de corail, d’îles et d’atolls du Belize, c’est elle qu’ils ont choisie pour séduire les clients », déclare Raoul à Rose.

L’île dont Raoul s’attribue un peu vite la propriété, semble tout droit sortie d’une BD.

Presque ronde, on embrasse aisément d’un seul regard ses 200 m de diamètre et sa houppette de cocotiers. Totalement couverte de sable blanc avec, ici et là, des pontons de bois qui avancent sur la mer et des bungalows rustiques pour l’hébergement.

Tobacco Cay est ancrée à une cinquantaine de mètres seulement derrière l’immense barrière de corail du Belize à 30 miles de la côte. Autour d’elle, la couleur de la mer offre toutes les nuances habituelles des eaux tropicales : vert turquoise sur les fonds de sable, vert bouteille sur les fonds d’algues, marron clair sur les hauts-fonds de coraux, bleu intense au dessus des grandes profondeurs.

Une palette dont la banalité sous ces latitudes n’ôte rien à l’extrême beauté. Sur cet îlot, les Piche partagent leur temps entre l’apnée, la lecture-lézard, les rencontres, les parties de volley-ball et la sieste. Un rythme intense.

Les habitants majoritairement Garifunas, descendants des noirs de Jamaïque, sont conformes à leur réputation : pas stressés, surtout pas stressés, accueillants, affables avec les étrangers, fiers de leur singularité et de leur histoire, forts en gueule entre eux.

Dans leur langue qui ressemble à de l’anglais chantant (à l’oreille, aussi différent de l’anglais que le brésilien l’est du portugais), Raoul capte une itération de “fuck’n… qqch”, presque aussi élevée que “con” en Toulousain courant. Rose prend ça pour un clin d’oeil au grand Nougaro dont elle apprend le décès ici.

Sous l’eau, les poissons sont un peu Garifunesques.

Ils se laissent aisément approcher.

Les barracudas évoluent paresseusement près du bord en petits groupes. Il faut presque les toucher pour qu’ils s’éloignent mollement. Les raies tachetées avec leur impressionnante queue d’un mètre et demie sont aussi paisibles, bien que plus mobiles.

Dans les fonds coralliens, Raoul débusque un gros mérou. Un superbe spécimen. L’image même de la force tranquille avec son regard sévère, son énorme gueule, sa nage assurée et puissante. Lui ne se laisse pas approcher. Jamais Raoul n’en a rencontré d’aussi grand sous les tropiques. Celui-ci lui rappelle le “Jojo”de Cousteau et un autre “Jojo” corse classé secret de famille.

En voyant les voiliers venir mouiller sous le vent de Tobacco Cay, Raoul se laisse aller à faire une suggestion à Rose.

- Tu ne nous verrais pas naviguer par ici? C’est super!

- Oui, c’est super et tu y es ici ! Alors pourquoi se taper des milliers de milles en mer pour aller là où on est déjà?

Face à une logique aussi implacable, Raoul ne sait rien opposer. Alors, il porte son regard au loin sur un voilier qui progresse plein travers sur une mer à l’abri des vagues. Et il continue de rêver…

PS Etapes probables à venir : Panajachel alias Gringotemango (lac Atitlan), Quetzaltemango