Bangkok-Paris, champagne et classe business à prix charter

Bangkok, Montpellier, 31 mars 2002.

Dring, dring, dring la sonnerie aigrelette du réveil retentit. Il est 6 heures du matin, Rose et Raoul Piche s’éveillent en grognant, ils s’apprêtent à effectuer l’ultime étape de leur voyage en Asie, de loin la plus pénible. Elle doit les conduire à Hong Kong, puis Abu Dhabi, enfin Paris et Montpellier. Taxi vers l’aéroport dans les rues de Bangkok déjà animées.

- Pourquoi voulez-vous prendre ce vol vers Hong Kong puisque c’est le même qui revient ici à 18h pour repartir vers Abu Dhabi ? Il vous suffisait de venir cet après midi.

Tête des Piche, encore ensommeillés, qui prennent lentement conscience qu’ils auraient pu passer une journée de plus, tranquillement, à Bangkok.

- Ben, on a des billets Bangkok-Hong Kong, Hong Kong -Abu Dhabi et Abu Dhabi-Paris, rien n’indique sur ces billets que le vol depuis Hong Kong n’est pas direct et revient à Bangkok, alors nous voilà ! répondent-ils penauds à l’agent de la compagnie Gulfair. Tant pis, on va aller à Hong Kong, on n’a rien d’autre à faire !

Décollage, cap plein est, vers la ville chinoise située à 1700 Km, dans la direction opposée à celle de Paris. Deux heures et demi plus tard, Rose et Raoul Piche traînent dans les boutiques de luxe de la zone duty free de l’aéroport de Hong Kong. Au vu des prix, ils ne se sentent pas vraiment des clients potentiels.

Trois heures plus tard, embarquement pour le vol retour vers Bangkok . Dans l’appareil, les hôtesses qui reconnaissent les Piche sont stupéfaites. « Vous ici ? comment cela se fait-il ? », Raoul explique. Elles semblent profondément désolées de cette erreur qui impose un détour inutile de 3400 Km et elles se mettent en quatre pour être agréables à Rose et à Raoul. Elles commencent par les installer en classe « business » dans des fauteuils larges, moelleux avec toute la place que l’on veut pour les jambes. Ensuite, elles viennent en catimini leur offrir une bouteille de champagne et une autre de grand vin. Puis ce sera un repas raffiné avec des couverts luxueux, des films à la demande sur des écrans vidéo individuels, etc. De retour à Bangkok, l’équipage qui débarque recommande les Piche à la nouvelle équipe d’hôtesses et de stewards. L’avion n’a pas encore décollé qu’ils se retrouvent avec des coupes de champagne en main et le bon traitement reprend jusqu’à Abu Dhabi.

- Crois-tu qu’ils en feraient autant s’ils savaient que nous payons royalement 1800 FF chacun pour ce vol retour ? demande Raoul à Rose, laquelle se contente de répondre par un sourire entendu.

Quarante heures après que le réveil ait retenti dans leur chambre de Bangkok, Rose et Raoul franchissent le seuil de leur maison où, bonheur, ils retrouvent là leurs fils, belle-fille, sœur, nièce et neveu avec lesquels ils ouvrent la bouteille de champagne pour déguster les sauterelles, les chenilles, les grillons, les larves et le magnifique cafard qu’ils avaient pris soin d’acheter la veille de leur départ (le champagne avec les grillons constitue, il est vrai, une hérésie. Le goût du grillon s’en ressent, un vin de soja aurait mieux convenu mais à défaut…) .

Des retrouvailles qui mettent un point d’orgue à 11 semaines de voyage : sept mille kilomètres parcourus en Thaïlande, au Cambodge et au Laos à dos d’éléphant (un peu), à vélo (un peu plus), à moto (encore plus), en tuk tuk, en sang-thews, en pick up, en voiture, en bus (beaucoup), en train (pas mal), sur radeau de bambou (parfois), en barque (à leurs risques et avec périls), en long tail ultra rapide, en vedette, en ferry, en avion. Soit 400 Km sur l’eau (et sous l’eau), 600 dans les airs et 6000 sur terre. Sans compter, naturellement, les 25000 km des voyages aller-retour depuis la France.

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