Bangkok, mégalopole multicouche dont les vieux sont bannis
Bangkok, 18 janvier 2002.
Hormis les vieux quartiers, Bangkok est une ville du troisième millénaire puisqu’on est ici en 2545 (du calendrier Bouddhiste). Son urbanisme préfigure donc celui qui dominera dans le reste du monde dans 543 ans. La densité d’occupation du sol est telle que la ville se déploie en couches successives.
Au rez-de-chaussée on trouve des rues et des avenues où gisent des cohortes de véhicules, immobiles la plupart du temps, exhalant leurs vapeurs d’échappement. L’air y est “épais” de chaleur, de poussières, de bruits et de gaz. Une épaisseur que l’absence de vent ne dissipe pas. Au premier étage, d’interminables passerelles évitent aux piétons d’avoir à affronter les cohortes impitoyables du rez-de-chaussée lorsqu’il s’agit de franchir un croisement. Au second étage, un métro aérien climatisé, utilisé par la population aisée, car cher, dont les voies reposent sur des piliers de bétons fichés dans les avenues qu’ils dominent. Au troisième étage, des autoroutes traversent la ville de part en part, installées en hauteur sur des piliers massifs également en béton. Au niveau -1, un réseau de canaux sur lesquels des embarcations faisant office de taxi filent à pleine vitesse et l’immense fleuve Chao Phraya où circulent de nombreux bateaux-bus terriblement efficaces : amarrage, embarquement et débarquement en moins d’une minute. Aux niveaux supérieurs, d’innombrables gratte-ciel.
Dans cet univers à la Luc Besson, pas de vieux. Ils sont inadaptés à cet environnement. Raoul et Rose Piche ont assisté impuissants à une tentative pathétique d’une vieille dame pour monter dans un bus. Trop lente, le chauffeur a démarré la laissant sur place. Quant aux embarquements à la volée dans les bateaux bus, ils sont réservés aux jeunes ou … aux marins.