Buenos Aires, la boucherie !

Depuis 10 jours les Piche sont à Buenos Aires et ils y restent. Un exploit. D’habitude, quelques jours après être arrivés dans un pays il commencent à le parcourir en tous sens.

Cette année, ils ont décidé de tenter une nouvelle expérience : le voyage « en immersion ». Autrement dit, s’installer et vivre la vie de tous les jours des habitants d’une ville. Apprendre leur langue, partager leurs principaux centres d’intérêt et si possible des moments de vie avec eux.

Les Piche ont donc élu domicile dans un petit appartement au second étage d’un immeuble de l’avenue de l’Etat d’Israel à Buenos Aires. Il se trouve dans un quartier « à vivre », pas dans une zone touristique, un peu le 12ème arrondissement de Paris. Le métro est à 10 minutes, le bus au pied de l’immeuble et avec ces moyens de transport le coeur de la ville à 15 ou 20 minutes. Les petits commerces sont nombreux.

Premier contact avec la vie quotidienne argentine, les boucheries. Dans un rayon de 5 minutes à pied les Piche en comptent une demi douzaine. Il est vrai que les Argentins qui ne sont que 40 millions mangent autant de viande que les Américains qui sont 315 millions, 8 fois plus !

Il faut s’y mettre.

Premier essai dans une boucherie du voisinage. Raoul demande « un lomo de bife », le top des morceaux de boeuf (le filet) et reçoit en retour une rafale de questions dont il devine qu’elles sont destinées à lui demander quel « lomo »? Pour cuisiner comment? Et bien d’autres précisions incompréhensibles pour lui.

« Por hacer asado », lance-t-il timidement espérant faire comprendre qu’il veut tout simplement faire griller son filet de boeuf. Nouvelles questions, grimaces d’incompréhension de Raoul qui se retrouve finalement avec deux mega steaks de « chorizo de bife » pour la faramineuse somme de… 2 euros le steak. Finalement, les Piche se partageront un de ces deux délicieux steaks car ils n’ont pas encore l’entraînement carnivore des porteños pour en engloutir un entier chacun.

Mais juré promis, immersion, immersion ils vont s’occuper de leurs coronaires et augmenter les doses. Pour cela, ils ont commencé à apprendre le vocabulaire technique de la boucherie : cuadril, bife angosto, tira de asado, matambre, bife ancho, solomillo, aguja, bola de lomo devraient leur permettre de faire rapidement grimper leur taux de cholestérol.

On l’aura compris le Raoul a pas mal de chemin à parcourir avant de comprendre et se faire comprendre lorsqu’il s’éloigne du vocabulaire courant du voyageur. Rose est plus à l’aise mais elle laisse volontiers Raoul aller au feu.

Une difficulté supplémentaire attend les Piche. Ici, les sons « yeu » (ll, ye, yo, ya … en espagnol) se disent carrément « che », à l’auvergnate. Donc un vulgaire poulet qui partout en Amérique du sud s’appelle un « pollo » (phonétiquement « pollio ») devient subitement un « pocho ».

Cette prononciation bizarre a conduit Raoul à un contre sens de haute volée.

Dans le petit restaurant de la rue d’à côté, où ils ont leur rond de serviette, Raoul souhaitant mieux connaître leur hôte lui demande comment il s’appelle. La réponse à l’oreille de Raoul est « Chomechamo, José ». Raoul pour qui « Chomechamo » sonne bigrement quechua lui dit « vous êtes indien ? De Salta à la frontière Bolivienne? ». Tête de José ! « Je suis d’origine italienne, je suis né en Calabre! ». Coup de pied sous la table de Rose et rapide précision de sa part : « chomechamo », cela se prononce « yo me llamo » en espagnol (« je m’appelle »).

Raoul vient d’apprendre qu’au sens propre comme au sens figuré, lorsqu’on s’immerge parfois on boit la tasse.

A bientôt

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