Village de pêcheur, Saint Louis du Sénégal

Le contact des Piche avec le continent africain fut rude. Quittant une révolution encore inachevée après une journée passée dans l’aéroport international du Caire, Rose et Raoul ont passé 6 heures à survoler le nord de l’Afrique, admirant Djerba puis Alger brillants de tous leurs feux nocturnes. Puis, après une escale nocturne à Casablanca, Rose et Raoul Piche ont atterri à 4h du matin à Dakar dans un état de fraîcheur très relatif.

Croyant s’épargner la traditionnelle épreuve des négociations-arnaques des chauffeurs de taxi à l’arrivée dans un pays, Raoul Piche se renseigne auprès d’un policier affable qui met aussitôt les deux voyageurs entre les mains d’un taxiteur censé les conduire à leur hôtel, pour un tarif négocié de 5 Euros. Rose et Raoul remercient chaleureusement le policier qui les quitte là.

Les Piche ne font pas dix mètres qu’ils sont entourés de cinq individus prétendant chacun être leur taxiteur. Raoul, ne veut avoir à faire qu’ à l’homme désigné par le policier. C’est le plus malingre et le moins sûr de lui. Les autres s’accrochent, on marche, le taxi est toujours un peu plus loin. Finalement, dans un lieu sombre gît un amas de ferraille qui a dû être une voiture à une époque éloignée. Un homme assis au volant, en sort et s’éloigne dans la nuit en traînant des pieds façon Gaston Lagaffe. Un des hommes de la troupe le remplace au volant. Le « taxiteur désigné » s’assoie à côté et une dispute s’engage, le chauffeur contestant violemment le montant de la course. Comme cela dure, Rose s’énerve et dit au chauffeur « on y va tout de suite ou nous on descend, on en a marre, on veut dormir », les Piche ouvrent les portières. Le chauffeur dit « ok », la voiture démarre mais la dispute continue tout au long du trajet dans des rues sombres et sordides. Arrivé à l’hôtel, le chauffeur persiste à exiger plus que 5 euros, ce qui met Raoul en rogne. Pas question de céder. L’homme finit par monter l’escalier en même temps que les Piche pour entrer dans leur chambre, là grosse fâcherie de Rose et de Raoul appuyés in fine par le gardien de nuit de l’hôtel. Fin de l’épisode, « bienvenue au Sénégal » mais les Piche en tireront la leçon comme il sera dit plus loin.

Le jour suivant, heureusement, le Sénégal se présente sous un tout autre aspect. Est-ce d’avoir croisé durant plusieurs semaines des femmes tout habillées de noir, un voile sur la tête, toujours est-il que Raoul Piche ne semble remarquer que les jeunes Sénégalaises. Il est ébloui. Minces, grandes, un port altier, des visages aux traits délicats admirables, vêtues avec une élégance colorée, à l’occidentale ou de façon traditionnelle. Ces beautés déambulantes sautent d’autant plus aux yeux de Raoul qu’elles sont visibles en tous lieux, aussi bien dans des modestes villages que traversent les Piche pour se rendre à Saint-Louis du Sénégal que dans les rues de Saint Louis.

Rose, pourtant moins travaillée par la testostérone, avoue son admiration devant ces corps si droits et si fins.

Quant à la dureté de la vie dans ce pays, elle est vite apparue à Rose et à Raoul lors de leur visite du village de pêcheurs de Saint-Louis où la densité de population avoisine celle de Calcutta.

Les barques de pêche partent vers 18 heures pour 2 jours en mer. Etroites, longues, profondes, instables, propulsées par des hors-bord de 40 ch avec 20 personnes à bord, elles constituent un défi permanent et à haut risque aux vagues de l’océan. A leur retour, dans la matinée, les barques abordent le village des pêcheurs dans un bras abrité du fleuve Sénégal. Là, les femmes se pressent contre le bordé, les jambes dans l’eau noire jusqu’aux genoux, attendant que les pêcheurs finissent de décharger les caisses de poissons destinées aux camions frigorifiques. Alors seulement les femmes peuvent acheter quelques poissons pour les vendre dans la rue sur de maigres étals. C’est aussi le moment pour les pêcheurs de sortir les poissons qu’ils ont caché dans leurs bottes, voire dans leur pantalon de ciré pour leur propre famille. Une scène étonnante.

Une partie de la pêche est ensuite soit salée et séchée sur des claies exposées au soleil et au sable soulevé par l’harmattan (hum…), soit grillée et également exposée au soleil.

Les barques sont construites, réparées, décorées dans le quartier. Elles sont plus de 350, multicolores, mouillées les unes contre les autres sur ce paisible bras de fleuve, des étendards flottant au vent. A leur vue et à celles des scènes que la pêche suscitent, les Piche constatent, une fois encore, que des conditions de vie parmi les plus dures peuvent présenter une beauté manifeste.

L’expérience de l’arrivée à l’aéroport a radicalisé Raoul dans ses négociations avec les chauffeurs de taxi brousse. Ces derniers n’ont sans doute jamais vu un toubab aussi retord et aussi décidé à ne traiter qu’avec le chauffeur et personne d’autre, envoyant balader les escouades de rabatteurs et les patrons véreux qui exploitent les chauffeurs. Intraitable le Piche, décidé à payer le juste prix mais refusant les baratineurs en tout genre fort nombreux dans les gares routières. « Cette leçon vaut bien un fromage sans doute »…

A bientôt

Quelques photos en cliquant ici :

http://www.raoulpiche.fr/?page_id=4193

PS Après Saint Louis du Sénégal, les Piche ont suivi le Forum Social Mondial de Dakar. A cette occasion, ils ont été publiés par le blog Africamix Le Monde (http://africamix.blog.lemonde.fr/). Vous pouvez lire leurs articles titrés respectivement :

« Forum social de Dakar, c’est un peu la pagaille »

« Forum social ; Abdoulaye Wade, Martine Aubry… Hosni Moubarak à la tribune »

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