Une ligne droite de 3000 km, bordée de fil de fer

Ushuaïa, 20 janvier 2005

La pampa, la Patagonie, les Piche en avaient  une idée. Mais comme souvent la réalité n’a pas la même saveur.

Sinon, pourquoi voyager?

Très vite après avoir quitté les faubourgs de Buenos Aires le paysage s’installe.

Une route rectiligne sans aucun relief à l’horizon pour fixer la vue, des champs apparemment sans limites et, de temps à autres, des vaches ou des moutons. De rares bourgs et presque aucune ville. Sur 3000 km les seuls changements viennent de la végétation.

Les cultures disparaissent assez rapidement pour laisser place à des buissons épars et à une herbe rase. Plus de vaches. Seuls subsistent ici et là quelques moutons, des guanacos (lamas), des chevaux, parfois des choiques (autruches) mais tous en nombre réduit.

A une cinquantaine de mètres, de chaque côté de la route rectiligne, une clôture; 3000 km à droite, 3000 km à gauche, sur cinq rangs… 30000 km de fil de fer!

Les estancias (ranchs) ont des superficies gigantesques pouvant atteindre celle de la Belgique. Mais jamais aucun bâtiment n’est visible depuis la route. Tous sont au delà de l’horizon.

Plus le bus pénètre dans le sud de la Patagonie, plus les buissons perdent d’ampleur jusqu’à devenir des touffes maigrichonnes qui finissent par disparaître complètement pour ne laisser subsister qu’une herbe jaunie dont même les moutons ne paraissent pas se régaler.

Les bourgs ne sont qu’un lointain souvenir depuis longtemps et les rares villes sont distantes de centaines de kilomètres. Dire que la route est monotone relève de la litote.

Par bonheur, les autobus argentins sont modernes, rapides et confortables.

Les sièges se transforment presque en couchettes si bien que les Piche ont subi sans trop de peine les 20 heures de ligne droite de Buenos Aires à Puerto Madryn, puis les vingt autres heures de rectitude jusqu’à Rio Gallegos. Et, si de là, ils ont pris un avion jusqu’à Ushuaïa, ce n’est que parce qu’il leur aurait fallu attendre un bus durant trois jours, ce que ne mérite pas Rio Gallegos.

En atterrissant à Ushuaïa, oh! surprise, de l’eau, de la neige, des montagnes!

La terre de feu, si inhospitalière paraît moins désertique que la Patagonie infinie.

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