Ushuaïa terre d’aventure ? Hummmm…

Usahuaïa, 22 janvier 2005

Par 54º52′ de latitude sud et 68º de longitude ouest, à moins de 60 miles du cap Horn, en plein cinquantièmes rugissants, le “Barracuda” fait route au 260º.

A sa barre, Raoul Piche.

Le vent est contraire, les hauts fonds nombreux. Malgré tout, la destination finale, Ushuaia dans le canal de Beagle, devrait être atteinte en fin de journée.

Autour du navire le paysage est imposant: montagnes, glaciers, arbres couchés par le vent, îlots peuplés de lions de mer, de cormorans royaux, de mouettes. L’aventure du grand sud.

Lisant ces lignes Rose s’écrie,

- C’est fou comme sans mentir, on parvient néanmoins à suggérer une réalité autre que la réalité.

Une relation plus conforme serait la suivante, précise Rose.

A la barre du “Barracuda”, un promène couillon qui emmène les touristes pour des ballades de la journée sur le canal de Beagle, Raoul prend la pose le temps d’une photo. Très vite, le capitaine qui lui a gentiment cédé sa place pour ce cliché souvenir, reprend les commandes. Parti de Ushuaia à 15h, le bateau sera de retour à 18h précise comme chaque jour. Avec ses deux puissants moteurs, le vent contraire ne lui pose aucun problème, ni les hauts fonds que le capitaine connaît par coeur.”

- Que tout ça manque de poésie et de parfum d’aventure! déplore Raoul

Ushuaia, la ville la plus australe du monde, n’est-elle pas synonyme d’aventure ?

Elle ne l’est plus guère. Hormis pour les quelques navigateurs qui s’en servent de base pour gagner l’Antarctique.

La visite du musée maritime en apprend beaucoup sur les marins qui ont navigué dans ces eaux pour les reconnaître et les cartographier. Mais la terre est si inhospitalière qu’aucun n’a cherché a débarquer pour y établir de “colonies”.

Tout au plus l’Argentine a-t-elle eu, tardivement, l’idée d’y implanter un bagne et les missionnaires de convertir les rares indigènes. Enfermer les corps et les esprits semble pendant longtemps  avoir été la seule vocation de ces territoires difficiles.

La carte des naufrages, éloquente, ne dit cependant pas tout. Bon nombre des fortunes de mer  ne doivent rien aux tempêtes.

Ainsi le clipper “Duchess of Albany” a été drossé à la côte… par absence de vent dans un lieu ou le courant atteint 8 noeuds !

Le “Monte Cervantes”, un vapeur avec 1200 passagers (tous sauvés) a coulé en heurtant un écueil à moins de cinq miles du quai d’Ushuaia par beau temps.

Mais surtout, lorsqu’il est devenu évident que la vapeur allait l’emporter sur la voile, les armateurs ont “organisé” des naufrages à tour de bras pour toucher les primes d’assurance et remplacer leur navires. Qui aurait osé contester un naufrage en Terre de feu ?

De retour d’une randonnée dans le parc national de Terre de feu, envahie par les castors qui édifient d’impressionnants barrages de plusieurs dizaines de mètres de long sur deux de haut (comment font-ils?) et d’innombrables lapins absolument pas apeurés, Raoul entend Rose s’exclamer :

- Je veux un sous-marin. Tu fais ce que tu veux, mais moi je prends un sous-marin.

Raoul regarde Rose d’un air angoissé, “aïe, elle ne supporte pas l’air des glaciers”.

Voyant son inquiétude, Rose précise :

- Un sous-marin, ici, c’est un chocolat chaud. On te sert du lait et séparément une barre de chocolat en forme de sous-marin que l’on fait fondre dans le lait.

Pour les Piche, l’aventure marine à Ushuaia se limite pour l’essentiel à mettre en immersion un sous-marin en chocolat dans un verre de lait…

Quelle pitiée !

Laisser un commentaire

Vous devez être connecté pour publier un commentaire.