Des staeks énooooooorrrmmmeees !

Buenos Aires, 13 janvier 2005

Raoul porte un regard incrédule sur les deux énormes entrecôtes de 4 cm d’épaisseur qui débordent de son assiette. Il regarde celle de Rose : même contenu.

- Ils sont fous ces Argentins ! Avec la moitié d’une on serait rassasié. Impossible de manger tout ça.

Les Piche avaient beau être prévenus, cette débauche de viande leur procure un choc. Message reçu. Il suffit de commander un plat de viande (pour deux) et une salade (pour deux) si l’on veut se retrouver avec des portions normales.

Un soir de fatigue Rose et Raoul baissent la garde, commandent deux “milanese” et se retrouvent avec un demi mètre carré d’escalope chacun. Autant dire que l’Argentine est l’enfer des végétariens et le paradis des carnivores. Le summum pour les amateurs de chair fraîche étant la “parillada”, un assortiment excessif de viandes servies sur un grill individuel. Un truc à faire pousser des canines par nuit de pleine lune.

Chez le boucher les meilleures pièces de boeuf coûtent à peine 1,2 Euro.

Cette débauche alimentaire contraste avec les signes encore apparents de la crise économique.

En témoigne, le soir venu, les récupérateurs de cartons qui investissent le centre ville et fouillent méticuleusement les tas de déchets déposés sur les trottoirs; les innombrables pancartes “à vendre” sur les appartements, les bureaux, les magasins; les constructions inachevées d’immeubles et de routes; les tags stigmatisant les banquiers “voleurs” et le pouvoir corrompu; les dispositifs anti-émeutes prêts à servir autour du palais présidentiel etc.

Le long de certaines voies ferrées, les Piche ont aperçu des cabanes de bois et de tôle semblables à celles des faubourgs de Bombay et de Delhi. Moins nombreuses, certes, mais tout aussi misérables.

Pourtant, dans l’ensemble, même en traversant la banlieue, Buenos Aires offre l’image d’une richesse supérieure à celle du Mexique et des autres pays d’Amérique centrale. Les bus et les avions complets vers les destinations de vacances montrent que le pesos argentin, aussi faible soit-il par rapport au dollar n’empêche pas les Argentins de vivre et les touristes étrangers de très, très bien vivre.

A condition de raffoler des protéines animales.

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