Tango sexuel, tête à l’envers

Buenos Aires, 11 janvier 2005

Le tango, l’été en hiver, la tête en bas, les viandes grillées, la crise économique, le plus Européen des pays d’Amérique tels sont les images communément liées à l’Argentine. En une petite semaine à Buneos Aires, Rose et Raoul Piche ont perçu, vu et découvert un peu tout cela.

Avec ses grandes avenues, ses beaux immeubles, ses parcs, ses innombrables terrasses de café-restaurant, ses dizaines de theâtres, ses luxueuses galeries marchandes Buenos Aires leur est apparue aussi européenne que Madrid, Milan ou Paris.

Moins peuplée que d’autres capitales d’Amérique latine, Buenos Aires est certainement la plus raffinée par son mode de vie et son esthétique. Amoureux du dépaysement passez votre chemin !

Le ciel d’un bleu immaculé et le thermomètre entre 28º et 33ºC ne laisse aucun doute aux Piche : en ce mois de janvier 2005 l’été est bien établi. Les porteños en vacances ayant déserté leur ville pour s’agglutiner sur les plages, Buenos Aires a des allures de Paris au mois d’août ce qui facilite les déplacements et ravit Rose et Raoul.

- Là, on va dans quelle direction ?
- Plein nord
- Mais non, plein sud. C’est midi et nous marchons vers le soleil !
- Regarde la boussole : plein nord !
- Y a un truc
Les Piche mettent un moment pour réaliser que, dans l’hémisphère sud, très normalement, le soleil monte dans le ciel au nord. Ils sont un peu retournés. Normal, n’ont-ils pas la tête à l’envers?

Le tango argentin est une découverte pour Rose et Raoul.

Rien à voir avec l’idée qu’ils avaient d’une danse au pas et aux passes toujours semblables. Spectaculaire au théâtre, le tango argentin est sensuel au café-concert pour devenir sexuel dans la rue. Il retrouve là ses origines du quartier des bordels de la Boca où l’inventèrent les immigrants italiens. Devenu “chic” à Paris au début du XXème siècle, il a finalement été adopté par la société argentine dans son ensemble et constamment enrichi jusqu’à d’époustouflantes chorégraphies.

Au café-concert, Rose, invitée par un danseur professionnel, s’est mise à tournoyer avec l’aisance d’une argentine de souche jusqu’à arracher les applaudissements de l’assistance.

Raoul en rougissait… de fierté.

Mais lorsque Rose a remis ça dans le quartier de la Boca, Raoul s’est demandé si, dans sa jeunesse, sa belle-mère n’avait pas esquissé quelques pas trop serrés avec un certain Carlos Gardel, un Toulousain devenu le dieu du tango pour les amateurs du monde entier . Des dizaines d’années après sa disparition, ses fans viennent placer une cigarette entre les doigts de sa statue au cimetière Chacarita de Buenos Aires. Raoul, lui, se contente de supporter celles de sa déesse de Rose.

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