L’art de parler chinois aux chinois

Canton, 10 mars 2006

Lorsqu’à Macao Raoul a aligné deux mots de mandarin pour acheter une bouteille d’eau, son interlocuteur chinois a paru ravi et surpris. Moins que Raoul d’être compris ! Encouragé, le vendeur s’est mis à débiter un flot de paroles qui, pour Raoul, étaient du chinois et le restait. D’autant que son vocabulaire, très limité, se concentre sur les nombres, les heures, les jours.Dans le bus qui conduit les Piche de Macao à Canton, Raoul jubile parce qu’il vient de saisir trois mots dans le feuilleton diffusé sur le moniteur TV : 18,19 et 20 ! 18, 19, 20 se rapportant à quoi, ça il l’ignore.

Rose lui fait remarquer qu’il sera difficile de conduire une conversation à coups de chiffres et d’heures.

- 4, 7, 8. 12 h 15, 20 h 30 !

- Peut-être avec des joueurs de loto ? suggère Raoul.

Pour les Piche, Canton constitue le véritable début du voyage en Chine continentale. Fini l’anglais de Hong-Kong, encore assez largement parlé à Macao. Il faut pouvoir communiquer en chinois dans diverses situations. Pour cela les Piche recourent à divers artifices. En arrivant à Canton (Guangzhou) ils se font conduire en taxi à leur hôtel en montrant, sur un plan, le nom de la rue écrit en chinois. Lorsqu’ils prennent le métro dans Canton ils apprennent à lire le nom des stations en caractères chinois en usant de moyens mnémotechniques.

Pour eux, le nom de la station proche de leur hôtel s’écrit de la façon suivante : des siamois et un sextant. Celle où ils se rendent ensuite c’est : “un diplômé anglais (le truc plat sur la tête), un carré ouvert en bas, un carré fermé”.

Le nom des villes est indispensable pour prendre les bus et lire les panneaux d’affichage (les heures s’affichent comme en occident).

Ainsi, les Piche savent parfaitement identifier les noms de Guangzhou (Canton) = la lettre grecque gamma, trois petits bonhommes ; Guilin = une danseuse, un sapin, deux danseuses ; Yangshuo = la lettre grecque béta, une armoire, un sapin, une petite armoire ; etc.

Chaque jour leur vocabulaire s’enrichit. Pour ne pas commettre d’impair mieux vaut reconnaître les symboles “homme” et “femme” sur les portes des toilettes. Pour “femme” Rose a trouvé une symbolique… inavouable et pour “homme”, Raoul voit un homme qui court avec en guise de tête, une fenêtre !

A l’oral les choses sont plus compliquées surtout lorsque leur interlocuteur s’escrime à indiquer un prix en anglais avec un accent tellement incompréhensible que Raoul ne saisit pas ce chinois là. Mais l’infranchissable c’est WindowsXP dans les cyber cafés. Si les pictogrammes sont les mêmes que dans les versions occidentales, cela se gâte franchement avec les menus déroulants.

Mais le pire du pire, c’est la propension qu’ont les PC Chinois (pas LE PC chinois, rien de politique dans cette remarque) à transformer les caractères accentués français en caractères chinois. On taira les ruses employées pour tourner cette difficulté. Elles ne fonctionnent pas toujours et Raoul n’est pas loin de penser “après tout, pourquoi ne pas envoyer des textes avec des caractères chinois en laissant à chacun le soin d’en interpréter la poésie”.

Cela pourrait conduire à lecture suivante : “Nous sommes all(petite porte avec un sapin)s manger dans un restaurant tr(montagne de perles)s pris(petite porte avec un sapin). Les g(pagode, armoire à tiroir)teaux pris au dessert sont excellents bien qu’un peu trop sucr(petite porte avec un sapin)s.

A bient(épis de maïs, petit bonhomme bras écartés)t.

PS : “Si vous ne voulez pas qu’on le sache, mieux vaut encore ne pas le faire”, proverbe chinois.

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