Faux et usage de faux !

Yangshuo, 15 mars 2006

- Non, il est faux ce billet, je n’en veux pas !

Interloqué, Raoul récupère des mains du patron de l’hôtel son billet de 100 yuans et lui en tend un autre.

Circonspect, le patron examine la coupure. Même refus.

Troisième billet.Troisième refus. Raoul qui commence à s’inquiéter, semble percevoir dans l’oeil du tenancier un doute sur son honnêteté.

Pour en avoir le coeur net, Raoul Piche se rends à la Bank of China de Yangshuo. Tous faux. Tous confisqués. En deux minutes, il se voit dépossédé de 300 yuans (30 euros, un mois de salaire d’un paysan chinois). Pour ce prix, le banquier lui montre les imperfections des contrefaçons.

Un anglais, présent dans la banque, s’intéresse à la scène. Habitué du pays, il doute que ces faux proviennent du change opéré précédemment par les Piche auprès de la banque nationale chinoise. “Vous n’auriez pas laissé de l’argent en caution quelque part ?”. Interrogation pertinente. Ces trois billets ont été récupéré par Raoul lors du retour des bicyclettes louées la veille. Arnaque classique semble-t-il. Bien que l’origine en soit parfaitement établie, impossible d’obtenir réparation. Cette leçon vaut bien 300 yuans sans doute.

Honteux et confus, Raoul jura, mais un peu tard qu’on ne l’y reprendrait plus.

Pour les Piche, Yangshuo fut une étape à la fois agréable et difficile.

Difficile à cause de la pluie, du froid et de l’humidité. Alors que deux jours auparavant, Rose arpentait les rues de Canton en chemisette à la recherche d’un beau scorpion frais, la voici tout à coup grelottante, sous son parapluie, en dépit de cinq couches de polaires et autres Goretex.

Agréable, parce que le paysage de Yangshuo est fabuleux. Yangshuo, c’est la baie d’Halong (confer “Indochine”, le film avec Catherine Deneuve) dont la mer aurait été remplacée par des rizières, des rivières et, entre les deux, par des chemins. Pédaler au milieu de ce paysage est un plaisir dont les Piche ne se sont pas privé.

Ils ont même embarqué à bord d’un bateau pour une vision à partir du fleuve Li. Hélas, ce jour là, la brume était tenace. Au détour d’un méandre, des touristes chinois ont sorti des billets de 20 yuans pour comparer le paysage imprimé sur la coupure avec celui qui se présentait à leurs yeux. C’était le même. L’un des plus beau paysage karstique de Chine. A un détail près, seuls les premiers monts étaient visibles, l’arrière plan, très net sur les billets, disparaissait dans la brume.

“Encore un faux, lacha Raoul, amer”.

PS “L’homme sage apprend de ses erreurs. L’homme plus sage apprend des erreurs des autres.” Proverbe chinois.

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