Couper les mains pour lutter contre la concurrence

Agra, 25 février 2003

Il est des lieux tellement photographiés, filmés, reproduits en image sous tous les angles que l’on craint d’être deçu lorsqu’on s’apprête à les voir “pour de vrai”.

En se dirigeant vers le Taj Mahal avec leurs amis Etienne et Martine, Rose et Raoul éprouvaient cette crainte. Mais non, le Taj Mahal ne deçoit pas. La beauté du lieu est saisissante, l’harmonie du bâtiment, les nuances colorées du marbre dont il est constitué, l’immense allée qui y conduit, la fine marquetterie qui l’orne confinent à la perfection.

Un chef d’œuvre pour l’amour d’une femme.

Car le Taj MAhal a été voulu par un empereur éperdument amoureux de sa femme afin qu’elle y repose après sa mort en couche (la 14 ème à l’âge de 35 ans…). Pour être sur d’obtenir de son architecte le mausolé digne de sa tendre, l’empereur a eu recours à une technique de management incitatif novatrice : il a fait mettre à mort la fiancée de l’architecte pour que celui-ci ressente ce qu’est la perte d’un être aimé et se trouve dans les dispositions ad hoc pour créer l’œuvre attendue. Cela a très très bien marché. Et, comme à cette époque la clause de non concurrence n’existait pas, les artisans du chantier ont eu les doigts ou les mains coupés pour qu’ils n’aillent pas produire une merveille semblable ailleurs.

Mais le sang sèche très vite sur les oeuvres d’art. Quelques moussons suffisent à parfaire le nettoyage. Alors, il ne reste plus que la beauté à l’état pur, dégagée de sa gangue historique et du misérable destin de ceux qui l’ont fait naître.

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