Petites réfléxions diverses et variées

Sucre, 9 février 2007

Le voyage est aussi fait de détails, de moments cocasses ou que l’oeil du voyageur transforme ainsi.

A. Gide voulait que “l’important soit dans notre regard et non dans la chose regardée”.

Voici quelques “regards” des Piche, sans relation entre eux.

Les Américains

- As-tu remarqué, les Américains à la table derrière nous ? Ils sont une quinzaine et on les entend à peine parler. Incroyable !

- Des Américains discrets, civilisés, cela s’appelle des Anglais, répond Raoul.

Curieux et voulant prouver qu’il a raison, il se tourne vers une des convives et lui demande l’origine de ce groupe.

- Nous venons du nord-est de l’Iowa, lui répond la dame avec un grand sourire et beaucoup de gentillesse, en insistant sur la précision géographique, “nord-est”.

Raoul rapporte l’échange à Rose en émettant une hypothèse ;

- Elle a tellement insisté sur la partie “nord-est” de l’Iowa que je me demande s’il n’y a pas là-bas un village d’irréductibles comme celui d’Astérix qui résiste à la “civilisation” américaine.

- Tu exagères, répond Rose. Regarde Keith et Dao, ils sont on ne peut plus agréables. Ils sont Américains.

- Exact. A part que Keith est né Anglais et Dao Vietnamienne…

- Bon d’accord. Et Dean alors ? Il est super Dean et ne vient pas de Papouasie !

- C’est vrai, Dean il est génial. Mais je te rappelle que Dean est du nord-est de l’Iowa…

Fin de la discussion.

Potosi 4, Evo Morales 0

Le “Pollo catalan” est plein à craquer, les clients ont tous le regard tourné vers les deux téléviseurs qui diffusent le match de foot Potosi contre Sucre la ville voisine et néanmoins rivale.

Au score de un-zéro, les Piche ont terminé leur poulet grillé, ils quittent le restaurant pour gagner leur hôtel. Parvenus sur la place centrale de Potosi, ils remarquent un petit attroupement d’une trentaine de personnes devant la mairie.

Ils poursuivent leur chemin  lorsqu’une policier en civil leur demande courtoisement de bien vouloir passer sur le trottoir d’en face.

Les Piche s’exécutent.

Une fois la rue traversée, ils remarquent une certaine agitation dans le hall de sortie de la mairie.

Un groupe sort, précédé d’une ou deux caméras.

Ce groupe escorte un homme qui se dirige vers une voiture garée devant la bâtiment officiel, l’homme s’arrête salue les quelques personnes présentes, les Piche reconnaissent immédiatement Evo Morales, le président de la répubique Bolivienne.

Ils lui rendent chaleureusement son salut !

A cet instant, Potosi marque son second but, une clameur parvient jusqu’à la place de la mairie.

Evo, comme on l’appelle ici, est très aimé il est presque un dieu pour les pauvres, mineurs ou paysans. Mais en Bolivie, il est un dieu encore plus grand qu’Evo, c’est le foot.

Le président à beau être chez eux, les habitants de Potosi restent scotchés devant leur poste de TV.

Ce soir là, l’événement important n’est pas la venue d’Evo mais le score final : quatre à un en faveur de Potosi.

Peut-on confier son argent à la JP Morgan ?

L’écriteau le précise, la superbe salle que contemplent les Piche dans ce magnifique couvent “a été restauré par la banque J.P. Morgan”.

Elle contient un “posos”, une sorte de brancard porté à dos d’hommes lors des processions, avec 1,5 tonne d’argent. Un détail n’échappe pas à l’oeil de Raoul.

La porte en fer forgé très massif qui empêche l’accès à ce trésor est fermée par un cadenas chinois à 10 yuans.

- Je ne mettrai jamais mon argent chez J.P. Morgan, conclut Raoul.

Parade

Devant le palais du gouvernement, plaza de Armas, à Lima, les Piche assistent à la relève de la garde.

Les mouvements des soldats s’apparentent plus à une chorégraphie qu’à une parade militaire.

Les gestes suivent le rythme d’une imposante fanfare uniquement composée de cuivres et de percussions. A l’étrangeté du ballet s’ajoute celle du répertoire : “La mer”, de Charles Trenet, “El Condor passa” qui passe au son du clairon, sans flûte de pan, Haendel etc.

Amusante mais finalement plutôt sympathique, une armée plus artistique que martiale.

Jésus en jupon

Pour soumettre les peuples illettrés, les catholiques usaient abondamment des images.

Les Incas avaient leur propre iconographie.

Le mélange des deux a donné naissance à l’école de peinture Cusqueña.

Une oeuvre de cette école, exposée dans des bâtiments de Cuzco est plaisante à voir. Il s’agit d’un Christ sur la croix portant jupon brodé.

Pas franchement superman l’envoyé du bon dieu vu par les Incas !

Femmes cachées

Dans le petit bus qui conduit les Piche d’Ollantaytambo à Urubamba, sept femmes indiennes portant chapeau melon façon Gibi sont debout dans l’allée centrale.

Elles sont en surnombre.

Tout à coup, elle s’accroupissent dans l’allée autant qu’elle le peuvent. Le chauffeur vient de signaler la présence de la police de la route.

Le danger passé, Rose voit sept chapeaux melon émerger lentement du milieu du bus tel un gag bien réglé.

Elle éclate de rire !

Nous parlons tous un peu quéchua

Les Piche découvrent qu’ils connaissent beaucoup plus de mot Quechua qu’ils ne le croient.

Il semble qu’ils ne soient pas les seuls.

Leur vocabulaire dans cette langue est le suivant :

alpaga, condor, coca, guano, lama, pampa, puma, poncho etc.

Sur les traces de Franco

Relevé à Puno le nom de l’ambassadrice d’Espagne au Pérou du temps de Franco.

Une dame toute simple répondant au nom de Doña Maria de la Mercedes de Osio marquesa de Marry del Val.

- Clairement le franquisme ne prétendait pas au qualificatif de dictature populaire.

On “dictaturait” avec des gens de “bonne” extraction, en conclut Raoul.

Les risques, excessifs, du voyage

En effectuant, avec 80 autres touristes étrangers,  la traversée vers l’isla del Sol sur la lac Titicaca à bord d’une embarcation ne comportant ni gilet de sauvetage, ni pompe, ni vide-vite et avec un tableur arrière si bas que les vagues menancent de le submerger à tout instant, Raoul Piche s’interroge.

“Nous sommes à 3 miles des côtes, l’eau est à 15 degrés, si on coule, la moitié des passagers y reste. Comment des gens qui chez eux sont bardés d’assurances, vaccinés contre tout, font des examens médicaux réguliers et n’oublient jamais de boucler leur ceinture de sécurité, comment ces gens là peuvent-ils ainsi jouer leur vie sur une telle embarcation ?”.

Raoul n’a pas trouvé la réponse faisant lui-même partie du lot.

Non seulement il a pris le risque avec Rose, comme tous les autres, mais en plus il a stressé un max imaginant à chaque instant les scénarios possibles.

“Une traversée de l’Atlantique à la voile est vraiment plus cool”.

Popeye

Après avoir visité le musée de la coca à La Paz, Rose a eu une illumination.

“Dis, lance-t-elle à Raoul, la boule de la joue de Popeye et sa force extraordinaire ça n’a rien à voir avec les épinards. C’est un conte pour enfants. Popeye mâchait de la coca comme toutes les personnes que l’on voit en Bolivie avec une joue à la Popeye. Les épinards c’est du révisionnisme”.

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