Alerte

5h10 du matin. Les occupants des 15 étages de l’hôtel Dos Americas de Brasilia sont tous réveillés. Le hurlement des sirènes alerte incendie ne leur laisse aucune chance de poursuivre leur nuit.

En moins de temps qu’il n’en faut pour enflammer une botte de paille, Rose est habillée, sac sur l’épaule prête à quitter sa chambre. Impressionné par cette rapidité, Raoul qui traînait un peu se presse à son tour. Bien sûr, les ascenceurs sont hors service. Par chance, la veille, les Piche ont quitté une chambre au 10 ème pour une autre au 4 ème. Six étages de moins à descendre. Ils rejoignent la foule des clients à l’extérieur de l’hôtel. Ni flamme, ni fumée mais au rez de chaussée une employée qui farfouille dans une armoire électronique. Pour Raoul, furax, la cause est entendue, il s’agit d’une fausse alerte. La suite lui donnera raison.

Fort de leur précédente expérience ratée de piétons brasilianesques, les Piche prennent désormais assez souvent le taxi lorsque les distances s’allongent. Ils notent qu’à chaque fois, le taxi part dans la direction opposée à la destination, effectue un tour de pâté d’immeubles, emprunte une ou deux bretelles de voie rapide pour prendre le bon cap, file bon train avant de sortir par une nouvelle bretelle qui le conduit à la rue finale.

Raoul fait remarquer à Rose que ces trajectoires tarabiscotées ressemblent fort à celles d’un avion en approche d’un aéroport pour atterissage.

- Pas étonnant, réplique Rose. Tu as vu le plan de la ville ? C’est exactement celui d’un avion. L’Eixo Rodoviario (l’axe est-ouest), c’est le fuselage, l’Eixo Monumental (l’axe nord-sud) les ailes. Un avion de 12 km sur 12…

- Je trouve que cela ressemble plutôt à un colibri, façon lignes de Nasca, répond Raoul.

- Si tu veux. On peut tout imaginer à Brasilia : les arches du pont JK forment un parfait monstre du Loch Ness ; la pente qui entoure le dôme du musée national est évidemment un anneau de Saturne ; la pyramide du théâtre national une rampe de skate board ; le dôme de l’asssemblée nationale une parabole TV. etc.

Effectivement, il y a de la magie dans cette ville pour qui veut bien se laisser porter par son imagination.

Il arrive aussi que le hasard en rajoute un peu dans le merveilleux. Tel cette répétition d’une pièce de Haydn par un orchestre de musique classique dans l’église Dom Bosco baignée par la féérique lumière bleue de ses 80 vitraux lorsque Rose et Raoul la visitent. Une harmonie parfaite entre musique et architecture.

De quoi faire oublier la stridence d’une sirène d’alarme incendie.

A bientôt

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