Supplice de Tentale

Pour les Piche l’Australie s’apparente au supplice de Tentale : ils auraient envie de profiter de certains lieux à portée de main mais ils le peuvent pas. Surtout après avoir quitté l’Outback et être parvenus dans le Queensland. La couleur passe du rouge au vert. De la végétation partout. Donc de l’eau. Beaucoup d’eau qui tombe du ciel. Rose et Raoul voulaient aller dans une petite bourgade dénommée Karumba à « Aligator point » dans la péninsule de Carpentrie sur la mer d’Arafura (ces noms à eux seuls ne sont-ils pas une invitation au voyage ?). Les personnes auxquelles ils parlent de leur projet les regardent bizarrement. Ils leur suggèrent « de vérifier si la route est ouverte », « mais c’est une grande route ! » s’insurge Raoul, « avec la pluie elle pourrait être fermée ». Bingo ! Si les Piche s’étaient engagés sans vérifier, ils auraient dû faire demi tour après 290 km (soit près de 600 km aller-retour pour rien), l’eau passait par dessus un pont. Merci du conseil !

La chaleur humide devient étouffante. Qu’à cela ne tienne, les voyageurs mettent cap sur Townsville où ils comptent bien piquer une tête dans l’océan. Ils trouvent une ville agréable, des plages immenses et … l’interdiction absolue de se baigner pour cause de méduses mortelles (Chironex ou méduse-boite), voire demi-mortelles (Irukandji et Portuguese man of war), de crocodiles de mer (très vifs, très voraces), le moindre mal étant les requins (repus ?). Sur trois km de plage le long de l’esplanade du centre de Townsville seul un petit carré de 50 m sur 50 m, protégé par des filets forme une pataugeoire pour les plus motivés. Visitant le centre d’étude de la grande barrière de corail, les Piche demandent jusqu’où il faut descendre vers le sud pour échapper aux bébêtes gélatineuses qui en veulent à leur retraite heureuse. « Au sud de Rockhampton vous pourrez vous baigner, ils n’y a plus de « stinger » (méduses boites) et vous n’auriez vraiment pas de chance si vous rencontriez une Irukandji ». Sous un véritable déluge, les Piche descendent « au sud de Rockhampton » à plusieurs centaines de km de Townsville. Ils arrivent à la ville de 1770 (seventeen seventy) ainsi dénommée car James Cook a débarqué là, cette année là. Direction la plage. Une pancarte y attend Rose et Raoul : « ATTENTON ! Requins, méduses tueuses, poissons scorpions, forts courants ! » Quel accueil. Les Piche n’en demandaient pas tant. Bon, allez, encore un peu de déluge, encore un peu de sud, encore un peu de centaines de km et ce sera Fraser Island, une île de sable de 100 km de long sur 20 de large, classée au patrimoine mondial. Parvenus avec un bus-camion 4×4 sur l’immense plage qui court tout au long de l’île, le guide chauffeur des Piche les prévient « n’envisagez pas un instant de vous baigner dans la mer, les courants y sont forts et les requins très présents ». Yeahh ! Par chance, Fraser Island dispose de lacs d’eau douce, cristallins et chauds comme lots de consolation. Une autre vedette de Fraser Island est le dingo, chien sauvage, mangeur de petits enfants (si, si l’histoire est vraie. Une mère a été condamnée pour l’assassinat de son bébé alors qu’il avait simplement servi de petit déjeuner à un dingo) mais bon, les Piche ne sont plus des gamins. Effectivement, ils verront un dingo, sorte de loup au corps svelte qui a tenté de barrer la route au 4×4. Il s’est fait mitrailler… de photos puis a regagné la forêt.

A force de mettre du sud dans le sud, le temps devient moins étouffant, la pluie moins forte et le paradis plus proche. A Noosa, station on ne peut plus balnéaire, la mer est claire, les gens se baignent un peu partout. Les Piche en font autant dans une eau à 24° et si Raoul aperçoit bien deux ou trois méduses mortes sur la plage c’est parce qu’il cherche la petite bête. Un « lifeguard » lui a assuré qu’ici il n’y avait pas de méduses-boites.

Vidange de la voiture suivi d’un avertissement du garagiste : « attention, vos pneus avant sont usés jusqu’à la toile côté intérieur, c’est un défaut de parallélisme ». Changement immédiat des pneus, correction du parallélisme et peur rétrospective.

Finalement, pour les Piche le danger n’était pas dans la mer mais sur la route. Comme ils ne le savaient pas, au lieu d’affronter les méduses ils ont affrontés les km. Les Piche sont parfois un peu koalas.

A bientôt.

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