Zique à couper le souffle à la mosquée

Nagaur, 9 février

Le spectacle en plein air a déjà commencé lorsque Rose, Raoul, et leurs amis Chloé et Pierre s’assoient discrètement par terre, parmi la foule. Une minute ne s’est pas écoulée qu’on les prie de venir s’installer au pied de la scène, devant tout le monde, aux places d’honneur. Coussins, draps blancs, les chaussures ôtées, la petite troupe prend ses aises. Las, on leur fait comprendre qu’ils sont affalés sur les places du maire et des autorités mais qu’ils peuvent s’asseoir juste un rang en arrière. Si fait. Un peu de chants mais beaucoup de sketches en hindi décident Rose et Raoul à s’éclipser sans discrétion.

Le lendemain le spectacle a lieu dans une mosquée vieille de trois cents ans au nord de la ville. “Cette fois-ci pas question de se laisser piéger aux premières loges, lance Chloé, on reste une petite heure et on s’en va”. Jeux de lumière, décorations, cadre superbe, les quatre compères progressent avec précaution dans l’enceinte au sol de marbre, ponctué de mini-tombes de la taille de boites à chaussures qui constituent autant d’obstacles douloureux pour les pieds nus. Accueillis avec trop de chaleur par le maître des lieux, Raoul tente l’esquive “nous allons revenir pour le début du spectacle mais en attendant nous sortons pour manger un peu”. Juste ce qu’il ne fallait pas dire : en un éclair, un lunch improvisé leur est offert avec moult égards et infinie sollicitude dans une petite pièce ceinte de coussins et de draps blancs tendus sur de minces matelas posés à même le sol. Une visite particulière de la mosquée s’en suit puis l’installation au premier rang des spectateurs à proximité de personnages dont l’importance est inscrite dans la raideur de leur posture et l’impassibilité de leur visage. Des processions de fidèles venant de temps à autres déposer à leurs pieds des billets de banque ne laisse aucun doute sur leur statut. Et le concert de chant et de musique commence. Epoustouflant. La puissance des voix, le rythme, l’enthousiasme de la foule aux crescendo des percussions saisissent Rose, Raoul et leurs amis. Les morceaux de quinze à vingt minutes s’enchaînent sans répit ni temps mort, couvrant le brouhaha des spectateurs. Plus question de s’éclipser en dépit de l’inconfort de la position en tailleur. Minuit passe, la formation qui transporte l’auditoire achève sa prestation. Chloé et Pierre suivis par Rose et Raoul s’empressent auprès des musiciens pour savoir où acheter un CD de leur musique. Une foule de jeunes garçons s’agglutine autour d’eux, de plus en plus dense comme si les divas étaient les occidentaux ou plus précisément les occidentales et non les artistes. Cachée dans la foule, une main subreptice pince les fesses de Chloé, plus tard ce seront celles de Rose. Des divas vous dis-je !

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