Traversée du désert de Tahr

Jaisalmer, 2février 2003

L’étendue est plate à perte de vue, la terre jaune supporte difficilement quelques arbustes qui peinent à garder leur feuillage d’un vert finissant. Ici trois gazelles courent vers un horizon sans fin, là un chameau traverse la route les pattes avant entravées, plus loin cinq paons s’éloignent avec majesté et lenteur, une carcasse de chèvre offre des restes de chair à un chien errant, des rapaces surveillent leur proie, haut dans le ciel, au-dessus de la voiture qui file à travers le désert de Tahr. Quelques maisons en pisé, protégées par une dérisoire barrière de branchages morts, servent d’abri de survie à d’invisibles êtres humains capables de résister aux 45 degrés qui règnent en ces lieux dès le mois de mai. Des miradors de béton rappellent qu’ici, il y a cinq ans, une bombe atomique a explosé. Une bombe indienne. Le voyage se poursuit jusqu’à l’apparition irréelle d’une citadelle ocre perchée au sommet d’une hauteur, entourée de murailles, hérissée de palais, de havelis et de temples tout de sculptures et de dentelles de pierre. Richissime étape des caravanes sur la route de la soie et des épices, Jaisalmer offre ses trésors aux voyageurs du troisième millénaire. Passées les murailles, les ruelles étroites ne laissent plus la place qu’aux piétons, à quelques deux roues et aux vaches placides. Havre de paix (lorsque les gangs de chiens cessent leurs bruyants combats) la citadelle du désert vient d’engloutir Rose et Raoul Piche.

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