Des pickpockets peu farouches

San Jose, 5 février 2004

D’instinct, Rose sent que dans ce quartier de San José elle doit mieux surveiller ses affaires.

A l’instant où elle décide d’amener son petit sac à dos sous son bras, elle perçoit quelque chose d’anormal, elle constate qu’une poche est ouverte. Celle qui contenait son porte monnaie.

Il n’est plus là.

Elle lève la tête et voit une jeune femme s’enfuir en courant. Rose se lance immédiatement à sa poursuite, la rattrape et l’interpelle. La femme se défend d’avoir volé quoi que ce soit. Son amie arrive et dit qu’elle a vu un gamin faire le coup.

Rose n’en croit rien.

Elle est certaine que son bien est à quelques centimètres d’elle. Mais que faire? Fouiller ? Inconcevable !

Les deux femmes repartent en marchant, manifestement mal à l’aise et cherchant ici et là des échappatoires. Rose qui a été rejointe par Raoul, largué par la soudaineté du départ de la course, ne les lâche pas d’une semelle.

- Qu’est-ce qu’on fait ?

- On les suit

- Jusqu’où ?

- Jusqu’à ce qu’on croise un policier, on en a vu plein dans le marché.

Précisément, quelques minutes plus tard les jeunes femmes entrent dans le marché.

Elles s’arrêtent devant un étal de boucher. La moins suspecte s’adresse à Rose, lui déballe le contenu de son sac pour prouver sa bonne foi. Ingénument elle en tire deux porte-monnaie. Tête de Rose!

Profitant de ce que l’attention des Piche est ainsi fixée, l’autre femme disparaît. Raoul tente de la retrouver. En vain. Pourtant, les gens dans le marché le guident, “elle est passée par là”, d’allée en allée Raoul retombe sur l’étal du boucher.

Par geste, une personne lui indique que celle qu’il cherche est derrière un pilier, là, juste à côté. En un instant tout se dénoue. Alors que Raoul qui a rejoint la femme, lui propose de garder quelques billets en échange du porte-monnaie, un policier arrive.

De la foule fuse, “elle l’a donné au boucher”. Aussitôt, le porte-monnaie sorti de derrière le comptoir, atterrit dans les mains de Rose.

La jeune femme remet discrètement à Raoul l’essentiel du contenu qu’elle avait déjà récupéré. Les Piche disent au policier que tout va bien. Fin de l’épisode.

Les deux femmes s’éloignent rapidement avec deux mille “colones” qu’elles ont conservés. Pour elles, le salaire de la misère. Pour Rose le prix de l’expérience.

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