Pas d’armée, donc pas de coup d’état !

San Jose, 30 janvier 2004

“Intel Inside” pourrait être la devise du Costa Rica dont la première source de revenus à l’exportation provient ni du café, ni des bananes, ni du tourisme mais des usines Intel.

Les singularités de cette sorte, ce petit pays les accumule à loisir.

Il est le champion de la biodiversité animale et végétale. Le nombre d’espèces qui y vivent est supérieur à celles dénombrées aux Etats-Unis sur une surface égale au dixième de la France. Du coup, 27% du territoire est protégé et l’écotourisme est le maître mot des dirigeants.

Beaucoup d’oiseaux, de mammifères, de plantes donc mais pas un seul militaire. Eliminés, tous, avec la suppression de l’armée en 1948 pour mettre fin aux coups d’Etat. Avec succès depuis cette date.

La population est si blanche de peau que Rose et Raoul Piche, bien bronzés depuis leur arrivée sur ce continent, passent aisément pour des natifs du lieu. Les noirs de la côte Caraïbe, longtemps interdits de séjour ailleurs, sont restés cantonnés là bas.

Dimanche dernier, Rose et Raoul ont cru original d’aller se promener dans la vallée d’Orosi près de Cartago. A 17h ils ont découvert que tous les habitants de San José, la capitale proche, avaient eu la même idée. D’où d’interminables embouteillages de fin d’après midi comme dans la forêt de Fontainebleau. Tant de voitures dans un si petit pays?

Vivant sous l’ombre tutélaire du grand frère américain le Costa Rica en a adopté bien des travers.

Aussi, pour manger Rose et Raoul ont-ils décidé de boycotter tout ce qui ressemble à de la restauration rapide à la Mac Do.

Pas facile. Dans les deux rues les plus fréquentées de San José, ils ont successivement renoncé à Burger King, Taco Bell, Billy Boy, KFC, Hamburger Factory, Pap John’s, Church’s chicken, Spoon, Hamburger City, Pizza Hut et d’autres encore pour aller déguster un ceviche (poisson cuit au citron) dans un estaminet du marché central.

Le paradoxe, mais en est-ce vraiment un ? étant que la qualité des mets est directement proportionnelle à la pauvreté de la gargote où ils sont servis. Avec parfois, en prime, un match de foot à la télé. Comme hier soir quand le Costa Rica a écrasé la Jamaïque 3-0. Ambiance.

En Amérique centrale, Rose et Raoul sont loin des délices des cuisines Indienne, Thaï, Vietnamienne. Par chance la grippe aviaire est inconnue ici et c’est tant mieux car la protéine reine est le poulet servi partout accompagné de riz et de haricots rouges.

Autre déception pour Raoul, l’indigence de la presse (Al Dia, La Nacion, Extra (le pire!!), La Prensa Libre).

Alors que l’an passé il se régalait avec la presse indienne, vive, engagée, polémique, la presse du Costa Rica comme celle du Panama sont à un niveau qui ferait passer “Midi Libre” pour l’égal du “New York Times”.

Grand pays, grande presse? Petit pays, petite presse? Heureusement, un saut à l’Alliance française de San José a permis aux Piche de se ressourcer. Ils y ont appris la sévère condamnation d’Alain Juppé et ont frémi en songeant qu’ils avaient failli ignorer un fait de cette ampleur.

Voyager n’est pas sans risque!

Mais, ouf! cette fois encore les Piche ont évité le pire.

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