Les Chinois ? ce sont nous !

Bejing, 28 mai 2006

Pour les Piche, avant d’aller en Chine, ce pays se définissait en quelques notions simples.

Tout d’abord par un chiffre hallucinant celui de 1,5 milliard censé représenter sa population. Une masse anonyme qui menace nos emplois et notre confort tout en vivant une révolution industrielle digne de Germinal, l’absence de libertés individuelles, une inquiétante force militaire, un mépris de l’environnement.

Après trois mois passés à sillonner la Chine d’ouest en est, du nord au sud sur plus de 8000 km en bus, en train, en bateau, la vision qu’ils en rapportent est autre.

Là bas, les Piche ont rencontré des individus et non pas une masse indifférenciée, abstraite.

La route de Rose et de Raoul a croisé,

celle de pères qui jouent avec leur enfant et prennent soin de leur bébé ;

de mères qui parlent à leur fille ;

d’adolescentes espiègles qui rient et se taquinent dans la salle de restaurant où elles sont serveuses ;

de jeunes femmes chauffeurs qui conduisent leurs longs autobus, en gant blanc, avec le naturel de vieux routiers ;

de couples de paysans âgés visitant leur pays, émerveillés comme des enfants, marchant d’un pas fragile dans l’attitude timide des modestes qui s’excusent d’être en ces lieux au milieu des plus riches et des plus instruits ;

d’ hommes portant le blouson vert et la casquette Mao, nostalgiques d’une époque qu’ils comprenaient mieux ;

de bandes de jeunes garçons en jeans, chemises ouvertes, discutant avec passion, le verbe haut ;

de musiciens amateurs jouant dans les parcs publics pour leur plaisir et celui de la foule attentive qui les entoure, les bras croisés derrière le dos ;

de joueurs de carte ou d’échec dont les coups sont commentés par leurs amis agglutinés autour d’eux ;

d’ouvriers vêtus de blousons aux couleurs de leur entreprise qui sautent dans le bus la mine réjouie, contents de rentrer chez eux ;

de femmes dans le costume traditionnel de leur ethnie se déplaçant par deux ou trois en bavardant dans une langue qu’elles seules comprennent ;

d’autres femmes dans un costume aux allures militaires, casquette à visière et veste galonnée qui, dans les gares, gèrent les flux de voyageurs avec calme et fermeté ;

de paysans qui rentrent des champs leur outil sur l’épaule ou dans la benne de leur tricycle ;

de vendeurs et des vendeuses dans les grands magasins qui guettent le client comme d’autres au Printemps ou aux Nouvelles Galeries ;

de pilotes de bateau, sur le Yang Tsé, le sourcil froncé, concentrés sur la navigation dense du fleuve ;

d’étudiants aux yeux pétillants ravis d’échanger avec des occidentaux dans un anglais excellent et qui expriment leurs attentes du futur ;

de riches conducteurs de puissantes voitures noires, de superbes créatures à leur côté ;

de superbes créatures, seules, au volant de puissantes voitures noires ;

de vendeurs de rues qui exercent mille petits métiers pour vivre chichement ;

de très jeunes gens scotchés durant des heures derrière des ordinateurs alignés par dizaines dans les cybercafés, jouant en réseau ;

de baby dol toutes en strass et paillettes qui « chattent » avec des amis éloignés via MSN ;

de jeunes gens qui  s’offrent à aider les Piche lorsque ceux-ci consultent un tableau dans une gare ou la carte d’une ville.

La liste serait interminable si on la poursuivait tant la variété des personnes et des situations rencontrées est grande.

Avec le temps et les kilomètres les Piche se sont rendu compte qu’ils s’identifiaient, eux ou leurs proches, à la plupart des gens qu’ils croisaient.

Pour Rose et Raoul Piche, les Chinois ne sont plus un chiffre astronomique mais des individus tous différents avec les mêmes espoirs, les mêmes rêves, les mêmes ambitions, les mêmes valeurs, les mêmes comportements que les leurs aux mêmes périodes de la vie ou parfois de celles de leurs parents. Les Chinois ce sont eux.

Merci à tous d’avoir suivi Rose et Raoul durant ces 90 jours.

PS . “Quand on est arrivé au but de son voyage, on dit que la route a été bonne.” Proverbe chinois .

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