Coqs : la vengeance des Piche

Dès leur première nuit à Manille, les Piche ont voué une profonde détestation à une créature très philippine : le coq.

Il est partout.

Ville de 12 millions d’âmes ou de 200, peu importe, des coqs veillent à quelques mètres de la chambre des Piche. Et, dès 5 heure du matin, « cocorico » !

Une horreur.

Mais pourquoi tant de coqs ? Pour les combats. Pas de fête sans combat de coqs.

C’est dire que le jour où leur hôtesse, Régina, leur a signalé une « fiesta » (en philippin dans le texte), avec combat de volatiles, les Piche se sont cyniquement réjouis.
Ils tenaient leur vengeance.

Après 30 km de piste au milieu des rizières, de la montagne et des cocotiers, après avoir franchi quatre ponts en prenant soin de maintenir la moto dans l’alignement de trois madriers étroits, les Piche sont parvenus à Barutuan où se tenait la « fiesta ».

A force de tourner autour de l’arène et de poser des questions aux uns et aux autres, les Piche finissent par entrevoir le déroulement des opérations.

Deux groupes d’hommes accroupis face à face, chacun tenant un coq, présentent leur poulain à des concurrents potentiels. Il s’agit d’apparier les combattants à poids et à carrure égale. Lorsqu’il y a accord, ils partent préparer leur bête.

La préparation consiste à fixer sur l’une des pattes une redoutable lame d’acier rutilante. Elle est cérémonieusement choisie, en fonction de l’animal, parmi toute une série de lames disposées dans un écrin tenu par un assistant. Le choix des armes avant un duel.

Ainsi équipés, les coqs sont portés au centre de l’arène. Tout en les tenant contre leurs poitrines, les managers cherchent à les exciter en les rapprochant tête contre tête. Une fois, deux fois. Puis l’arbitre donne le signal … des paris !

La popularité des combats de coqs tient pour beaucoup à cette phase de l’événement. Les bras s’agitent, la foule hurle.

Les coqs sont placés sur le sol au centre de l’arène. Immédiatement, ils se jettent l’un sur l’autre. Des plumes volent. Les combattants se déplacent vers un coin du ring. Subitement, ils s’immobilisent, couchés. Plus un geste. L’arbitre les empoigne. Il les soulève et les place face à face presque à se toucher. Pas de réaction. Il les pose à terre. Un reste debout, c’est le vainqueur. L’autre reste couché, c’est le perdant. Il est mort. Le combat n’a pas duré une minute !

Les Piche n’ont rien compris.

L’argent change de main. Les combattants sont évacués. Deux autres se présentent. La mort pour l’un d’eux dans la minute.

Demain, à 5 h du matin, les Piche vont pouvoir dormir tranquille. Ils sont vengés.

- Quand même, c’est cruel, tente de dire Raoul, un brin hypocrite.
- Oui, mais au moins c’est un animal contre un animal. Pas un animal contre un homme.
- A quoi tu penses ?
- Je pense que les Philippins auraient pu imaginer de faire combattre un zébu avec ses cornes comme seule arme, contre un homme armé d’une longue lame d’acier. L’homme jouerait avec l’animal et le tuerait à la fin sous les hourra de la foule exultante.
- Beurk, heureusement les Philippins ne sont pas aussi cruels, répond Raoul.
A bientôt.

PS Pour voir des photos du combat de coq, cliquez ci-dessous :
Combat de coq

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