Les Piche à Trumplandia

Intrigués, les Piche interpellent le troisième garçon qu’ils croisent portant une collection de colliers de pacotille de perles vertes, alors qu’ils se dirigent vers Bourbon street à la Nouvelle Orléans.

- Pourquoi “ça” ?

- Aujourd’hui, c’est la saint Patrick ! Répond, gaiement le jeune homme.

Parvenus dans la rue mythique du quartier français, les Piche font deux découvertes : les Irlandais fêtant la St Patrick et les maisons créoles. Les premiers mettent une ambiance chaude car fêter la St Patrick c’est boire beaucoup de bière, dès la matinée, et s’interpeler entre groupes portant tee-shirt verts, colliers de perles et drapeaux irlandais. L’un d’eux déclare à Rose et Raoul sa flamme pour la France, ajoutant :

- Nous n’avons pas besoin d’une reine ! Vous, vous avez su faire la révolution.

D’un geste éloquent à la base du cou, Raoul lui indique la marche à suivre concernant la tête de la reine. L’Irlandais est un peu refroidi.

- Quand même pas…

Quant aux maisons à un étage avec colonnes et balcons en fer forgé, elles sont splendides même si beaucoup ont été restaurées récemment.

La musique est omniprésente. Dans les cafés-bars à un niveau assourdissant, bien plus plaisamment dans la rue. Trompette, saxo, trombonne à coulisse, trombonne, accordéon, guitare, bandjo, batterie, clavier, chanteur… à chaque groupe son mélange d’instruments et pour tous une petite foule pour les admirer et les applaudir.

Le concert le plus original est celui du Natchez, le seul bateau à roue à aubes encore propulsé par des machines à vapeurs. Il dispose, sur son pont supérieur, d’un orgue à vapeur avec lequel un organiste joue des airs de musique… italienne, audibles à plus d’un mile à la ronde.

Grosse déception des Piche sur la route des plantations alors qu’ils viennent visiter la seule qui soit centrée sur l’histoire des esclaves. On leur demande quatre heures d’attente. Ils reprennent leur voiture pour aller voir ailleurs lorsqu’à la sortie du parking un automobiliste, qui lui entre, leur demande comment ils ont trouvé la visite. Raoul dit leur déception. L’homme se dévoile alors : “je suis le fondateur et le directeur de ce cette plantation-musée-mémorial, suivez-moi !”.

S’en suit une visite particulière, personnalisée et gratuite du site. Un lieu très émouvant. Tout est là. Le Mississipi à 200 mètres, les champs de cannes à sucre qui s’étendent jusqu’à plus de 15 km à partir du bord du fleuve, les maisons des esclaves et le mémorial des 35 assassinés parce qu’ils avaient tenté de porter la révolte à la Nouvelle Orléans.

Un peu plus loin, les Piche visitent la plantation Laura où une guide retrace, dans un français parfait, la vie d’une famille créole à travers le temps et l’histoire avec un grand H (notamment la guerre de sécession). Récit très intelligemment construit qui entre en résonnance avec les lieux.

Les Piche et leurs amies qui les ont rejoint à la Nouvelle Orléans, visitent ensuite plusieurs autres plantations toutes plus riches les unes que les autres ce qui leur rappelle les paroles du directeur de la première :

- La richesse des Etats-Unis vient, à l’origine, du travail des esclaves.

C’est ce que Karl Marx a appelé “l’accumulation primitive du capital”, résume Raoul plus politique que jamais au pays de la Trumpisation.

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