La digne mendicité des moines de Louang Prabang

Louang Prabang, 4 mars 2002

Crânes rasés, épaule dénudée, pieds nus, drapés dans leur robe safran, les moines, par dizaine, avancent sans bruit en file indienne, leur bol d’offrande sur la hanche. Le long du trottoir, hommes et femmes sont agenouillés les uns à côté des autres, chacun sur sa natte avec près d’eux les nourritures qu’ils destinent aux moines. Le moine en tête de file arrive à la hauteur de la première personne, le regard au loin, il marque un bref arrêt et soulève le couvercle de son bol d’offrande comme si de rien n’était. La personne y dépose un petite poignée de riz cuit. Le moine s’avance devant la seconde personne, la scène se reproduit et la file indienne progresse ainsi d’un cran à chaque fois. Des femmes, plus riches, offrent des gâteaux et du chocolat sous emballage.

Raoul, qui s’est placé dans les rangs des donateurs a du mal à suivre le rythme. Son riz cuit est enveloppé dans des feuilles de bananier qu’il a placé sur un muret derrière lui : se retourner, ouvrir la feuille de bananier, détacher une pincée de riz, revenir face au moine, déposer le riz dans le bol, se retourner pour le moine suivant et recommencer. Raoul laisse passer quelque moines comme Charlie Chaplin quelques boulons sur sa chaîne de montage dans les “Temps modernes”.

Rose qui s’est fermement opposée à faire partie des donateurs, photographie la scène et rit goguenarde de la gaucherie de Raoul bouddhiste.

- On aura tout vu, ne peut-elle s’empêcher de lui lancer.

En un quart d’heure l’affaire est expédiée. Les moines s’en vont rejoindre leurs temples respectifs, nombreux à Louang Prabang ancienne capitale du Laos.

Il est 6h30 du matin, Rose et Raoul s’en vont quémander un petit déjeuner au restaurant d’en face, très dignes, le regard fixé sur le lointain. Le tenancier les fera quand même payer.

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