“Fille ou gay ?”

« Fille ou gay ? », à l’arrêt où il attend le chaland, le conducteur de tricycle, interroge Rose avec le plus grand naturel. Un peu interloquée, elle répond avec un geste en forme de cercle devant son ventre, disant qu’elle a accouché de deux garçons.

Un exercice encore hors de portée des gays.

Plus tard, le même jour, Rose s’énerve, « ça fait deux fois qu’on me donne du Monsieur. J’en ai marre. Je vais me changer ». Elle disparaît, et revient habillée en fille. En fin de journée elle est satisfaite, « ça y est, on m’appelle Madame ». Il en faut si peu pour faire plaisir à Rose…

Le lendemain, Raoul parti faire quelques emplettes seul en ville se fait successivement draguer par une femme puis par un « gay ». Il décline les propositions, arguant dans les deux cas, qu’il a ce qu’il faut à la maison. Un récit que Rose n’a qu’à moitié apprécié.

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En fin d’un long et pénible parcours qui ramène les Piche à la capitale, le bus passe devant de gigantesques panneaux publicitaires. Sur l’un d’eux, Raoul lit ce message stupéfiant : « Il faut qu’on se parle. Dieu ». Seul manquait le numéro de portable.

Chapeau. Séguéla est battu, ici le commanditaire de campagnes de pub est au plus haut niveau.

Le poids et la présence de la religion ne se sont pas démentis tout au long du séjour des Piche aux Philippines.

L’avenante directrice de l’hôtel où ils logent leur demande :
- Vous êtes catholiques ?

Encore une fois réponse embarrassée et hypocrite de ces derniers :
- Nos familles étaient catholiques, mais nous, la religion…

Grande exclamation conciliante de la maîtresse des lieux :
- Ce n’est pas grave, l’essentiel c’est de croire en Dieu.
- Ben, justement, nous, Dieu…
- Comment ? Mais alors qui nous a créés ?

Et Raoul de se lancer dans une histoire de Big Bang sans vraiment convaincre.
La gentille dame ne lui en a pas tenu rigueur et s’est invitée chez les Piche pour son voyage en France prévu en 2010.

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Soirée avec des amis de rencontre. Parmi eux une jeune Congolaise de 20 ans. Belle à ravir, brillante élève en commerce international : elle parle français, anglais, italien, chinois et un dialecte congolais.

Durant ses vacances, elle travaille pour une ONG française de Manille qui s’occupe des enfants des rues. L’année précédente elle faisait de même en Thaïlande.
Depuis deux ans, elle étudie en Chine. Un pays qui l’a acceptée pour suivre des études contrairement à la France qui n’a pas voulu d’elle et lui a refusé son visa.

Grâce à la politique de notre gouvernement nous l’avons échappée belle. Pour un peu, Meï (c’est son prénom) serait venue grossir les rangs des personnes bien formées et hautement compétentes capables d’établir des liens privilégiés avec notre pays. Ce dont nous n’avons pas besoin. Contrairement à ces nuls de Chinois.

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Les Piche viennent de débarquer sur leur plage déserte avec leur pirogue à balancier. Leur paradis d’un jour a écrit Raoul, photos à l’appui.

Rose parcourt une dizaine de mètres pour se mettre à l’ombre des arbres. « Aïe ! », elle vient de poser son pied nu sur quelque chose qui a pénétré à la base d’un doigt de pied. La douleur est vive. Mais pas de sang, pas de trace. Pas douillette Rose oublie l’incident.

Les jours passent. Les déplacements en bateau, puis en bus, les trajets de nuit et les heures de marches dans les rizières se succèdent. Dans un geste maladroit, elle shoote dans un rocher, « aïe ! » à nouveau, avec le même pied. Ce n’est que trois jours plus tard que Rose se plaint de douleurs et d’élancements. Rien de visible sinon une légère rougeur. Infection ou entorse ?

Cinq jours plus tard, après trente heures de voyage, de l’aéroport de Manille à la gare de Montpellier, Rose Piche se rend directement aux urgences tellement son pied la fait souffrir. « Il était temps, vous avez une surinfection ».

Le paradis des plages déserte cela se mérite. Rose ne l’a pas mérité. Ou alors elle a été punie parce qu’elle n’a pas cherché à parler à celui qui l’interpellait sur les grands panneaux publicitaires à l’entrée de Manille.

Mais elle est rassurée et Raoul aussi. Elle gardera son doigt de pied, son pied et ce qui va avec. Finalement, elle va peut être prendre contact (si vous avez le numéro de portable…).

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Le voyage aux Philippines est donc terminé. Les Piche remercient tout ceux qui leur ont envoyé de petits messages. Ils espèrent que vous avez pris plaisir à partager quelques moments avec eux.

Affections et amitiés à tous et à toutes.

Rose et Raoul Piche

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