Les Piche perdent leurs habitudes

- Combien as-tu payé le repas ? Interroge Rose.
- 35 francs, répond Raoul.
- Tu comptes en francs !? Tu régresses !
- Comme le change est de 66 pesos philippins pour un euro, on est exactement à la parité franc-euro à un facteur dix près, se défend Raoul. Tu prends le prix en pesos, tu divises par dix et tu as le prix en francs.

Depuis presque un mois, les Piche ont donc oublié l’euro. Bien d’autres choses aussi. Ce qui participe au charme du voyage.

Ainsi, l’exactitude des horaires n’est pas dans la tradition du pays. L’exactitude tout court, devrait-on dire. Un fait qui se traduit par ce splendide oxymore, « sure, maybe » (« c’est sûr, peut être ») auquel répond, parfois, « hurry up, then wait » (« dépêchez-vous et attendez »).

Dans certains endroits, comme à El Nido, c’est avec l’habitude du courant électrique 24h/24h qu’il faut rompre. Tel un allumeur de réverbères, un employé de l’électricité d’El Nido, muni d’une longue perche pousse un contacteur en haut des poteaux électriques pour donner du courant à partir de 18h à un quartier de la petite cité. A 20h, c’est au tour d’un autre quartier et ainsi de suite. Mais parfois, c’est la panne et il n’y a plus de lumière pour personne durant deux à trois jours. Les repas aux chandelles sont si romantiques. Les douches et les wc un peu moins.

L’ambiance sonore est également différente. Au premier chef, il y a les coqs mais nous n’en dirons rien. Leur compte a été réglé dans un récit précédent. Il y a ensuite les SMS. La téléphonie cellulaire est présente partout mais elle est quasi exclusivement utilisée par les Philippins pour envoyer des SMS. Si bien qu’à tous moments et en tous lieux on entend le bip bip de réception des messages. Ce son si caractéristique fait partie du paysage sonore comme ailleurs celui des grenouilles.
Très populaires les karaokés méritent une mention spéciale. Très puissants, ils nichent n’importe où. Une paillote en bord de route peut être dotée d’une redoutable installation capable de diffuser des fausses notes dans un rayon de plusieurs centaines de mètres.

Dans la plupart des lieux d’attente, gare routière, aérogares, etc. ce sont les moniteurs TV tonitruants qui occupent l’espace sonore. La lecture ne semble pas faire partie des occupations permettant de passer le temps.

Dans le registre des transports ce sont les tricycles à moteur qui règnent en maîtres dans les petites  villes. Une course coûte 80 centimes de francs…
- Tu ne peux vraiment pas donner ce prix en euros ? Tonne Rose.
- Si bien sûr, il suffit de diviser mentalement 8 par 66. Facile ! Je peux même te dire combien coûtent 2 courses ¼ en bath Thaïlandais si ça t’arrange, lui répond Raoul, fâché.

C’est la crise chez les Piche. La crise monétaire. C’est très tendance.

A bientôt.

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